Page:Annales des ponts et chaussées - 5e série, 2e sem. - 1871.djvu/18

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Il y a une dizaine d’années, on pouvait voir à l’exposition de peinture le portrait en pied du ministre des travaux publics dans son cabinet, et près de lui étaient représentées les cartes figuratives de M. Minard relatives au commerce de la France.

Grâce en effet aux divers ministres des travaux publics, ainsi qu’à M. de Franqueville, directeur général des ponts et chaussées et des chemins de fer, M. Minard a toujours reçu de l’administration de puissants encouragements pour ses cartes éminemment utiles.

Il a su encore appliquer ce mode de représentation graphique à des questions entièrement différentes, qui se présentent alors sous un point de vue tout original, par exemple :

Recherche du meilleur emplacement pour l’administration centrale des postes à Paris. — Densité des populations dans les diverses provinces d’Espagne (chaque province est couverte de hachures parallèles dont l’espacement est proportionnel à la population). — Diffusion des langues primitives dans l’ancien monde, d’après M. Alfred Maury. — Comparaison de deux campagnes, l’une de Charlemagne en 791, l’autre de Napoléon Ier en 1805, d’après M. Amédée Thierry.

Enfin, dans une de ses dernières cartes, à la fin de 1869, comme par un pressentiment des épouvantables catastrophes qui allaient bouleverser la France, il faisait ressortir les pertes d’hommes qu’avaient causées deux grands capitaines, Annibal et Napoléon Ier, l’un dans son expédition à travers l’Espagne, la Gaule et l’Italie, l’autre dans la fatale campagne de Russie. Les armées dans leur marche sont représentées comme des courants qui, larges d’abord, vont successivement en s’amincissant. L’armée d’Annibal se réduit ainsi de 96 000 hommes à 26 000, et notre grande armée de 422 000 combattants à 10 000 seulement. L’aspect en est saisissant ; et, surtout aujourd’hui, il inspire