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LE PESSIMISME BRAHMANIQUE

et d’avoir des passions qui, sans être tyranniques, servent de ressort à l’âme, de mobile aux déterminations, d’auxiliaire au devoir et d’arme défensive contre les dangers moraux. Fort heureusement, quand il s’agit de conceptions semblables, et en Asie surtout, les hommes appliquent rarement la logique de leur philosophie ; ou plutôt, l’ignorance, l’indolence et surtout l’instinct de conservation, finissent toujours par prévaloir sur les doctrines dissolvantes dont les nations deviendraient les victimes si l’on en observait l’esprit comme on en garde la lettre et le caractère extérieur. C’est ainsi qu’il faut expliquer, à ce qu’il semble, la coexistence de l’organisme social à côté du bouddhisme et du brahmanisme védantique.

À plus forte raison on verrait même chose en Europe, où l’énergie intellectuelle et physique, ce signe par excellence de l’amour de la vie, est restée si ardente si, ce qu’à Dieu ne plaise, les théories pessimistes de certains philosophes allemands arrivaient à recueillir assez d’adeptes pour menacer les progrès de la société.