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ZEND-AVESTA, — INTRODUCTION, VI : LE RITUEL
Parsis de l’Inde ; le nîrang pehlvi représentant l’ancienne coutume parsie de Perse.
Il y a des raisons de croire que l’usage ancien, tel que le donnent les nîrangs, n’est pas entièrement éteint dans l’Inde. En effet, la kiryà que nous donnons ne représente pas l’usage de toutes les communautés parsies de l’Inde, mais seulement l’usage de la plus considérable, celle qui contient les neuf dixièmes de la population, la secte Rasmie ou Shahanshahie. Nous avons dit plus haut (p. xii) comment la visite d’un Dastùr de Perse, Jamasp Vilâyatî, en 1720, amena la constatation de différences sensibles entre l’usage religieux de la Perse et celui de l’Inde. La différence essentielle consistait en ce que l’année parsie de l’Inde était en retard d’un mois sur celle de la Perse. Le 17 juin 1745 une partie des Parsis de l’Inde adopta le calendrier des Parsis de Perse que l’on qualifia de qadîm « ancien », et la secte nouvelle prit le titre de Qadîmie. La grande majorité des Parsis de l’Inde resta fidèle à l’ancien comput et forma la communauté Rasmie ou « traditionnelle ». Les Rasmis prétendaient que les Iranis étaient en retard d’un mois parce qu’ils avaient oublié de faire l’intercalation d’un mois que l’année de 365 jours exige tous les 120 ans. De 1826 à 1830 éclata entre les deux sectes une polémique des plus vives, portant sur la légitimité religieuse de cette intercalation, de cette kabisa, qui, selon les Qadîmis, n’avait jamais été qu’une institution civile, non reconnue dans les textes religieux. Cette polémique n’amena point la solution de la question, trop complexe et composée d’éléments historiques trop variés pour pouvoir être résolue par une hypothèse simple ; mais elle amena la rupture définitive des deux sectes et la constitution d’un sacerdoce et de temples indépendants[1]. Les deux sectes diffèrent non seulement dans le calendrier, mais dans certains détails de prononciations[2], et aussi dans certains points de liturgie sur lesquels malheureusement nous n’avons point de renseignements précis, la secte qadîmie n’ayant point
  1. Sur ce schisme, voir Anquetil, Zend-Avesta, II ; Wilson, The Parsi Religion, pp. 35-36 ; Haug-West, Essays, 57-58.
  2. Les Qadîmis prononcent ahì, vohì au lieu de ahù, vohù, etc. Ici ils sont certainement dans le tort : les caractères ù et ì sont assez faciles à confondre en zend et la prononciation qadîmie repose sur une faute de lecture.