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ZEND-AVESTA : YASNA. — APPENDICE A


ces deux caractères lui ont donné son nom : Ahura 1[1] « le Seigneur », Maz-dào 2[2] « le grand sage ».
Il n’a créé que le bien et les choses bonnes : le mal vient d’un autre être, Añgra Mainyu.
Dans cette conception dualiste, Ahura Mazda s’appelle Speñta Mainyu, que nous traduisons « l’Esprit Bienfaisant ou l’Esprit du Bien » 3[3], ou Mainyu Spénishta « l’Esprit très bienfaisant, le plus bienfaisant des Esprits », par opposition à Añgra Mainyu, Aharman ou Ahrìman, l’Esprit du Mal, littéralement « l’Esprit Destructeur » 4[4].
Ahura Mazda, comme source du bien, est la source de l’asha, il est l’être ashavan par excellence. Asha et ashavan sont des termes presque intraduisibles par la multiplicité d’idées qu’ils expriment. Asha (pour arta 5[5]) désigne le bien, la vertu sous ses deux formes, morale et religieuse,
  1. 1.Ahura, traduit en pehlvi khûtài (Y. XLVI XLV, 10 b ; par Nériosengh svâmin), dérive du substantif ahu qui a le même sens (voir l’introduction au Hâ XIX) : il s’emploie encore comme épithète d’homme ou de dieu (épithète d’Apâm napât, de Mithra ; du roi Husravas, Yt. XIX, 77 ; au pluriel, en parlant des rois, Yt. V, 85 ; XIV, 39).
  2. 2. Mazdào, traduit en pehlvi dânâk « sage, savant » (Y. XLVI XLV, 10 b ; par Nériosengh mahâjhâńin « le grand savant »). Cette dernière traduction repose sur une décomposition étymologique de mazdào en maz, grand et dào, qui sait. Cette étymologie, peut-être fausse, si mazdào est, comme le veut Benfey, le védique medhàs, rend bien en tout cas la conception de Mazda.
  3. 3. Ce n’est qu’un à-peu-près : speñta est traduit en pehlvi afzûnîg « qui a de l’accroissement », ce qui peut se prendre soit au sens actif, soit au sens passif, « qui rend plus grand » ou « qui grandit » ; le superlatif spénishta est traduit de même et glosé comme il suit : « c’est-à-dire que de quelque chose il peut faire beaucoup » (Ormazd Yasht), ce qui prouve que afzûnîg est pris au sens transitif. Speñta vient d’une racine su, qui a donné un grand nombre de dérivés exprimant tous l’idée de bien et de prospérité par celle d’accroissement : savô « l’accroissement, l’intérêt, le profit » ; saoidhi, même sens ; sévishta « très profitable, très utile » ; saoshyant « qui accroît, qui fait prospérer, bienfaiteur » (cf. Y. IX, 2, 8, note 8) ; spen, a-spen « bien-être, malaise » ; yavnè-su}, « toujours accroissant ». La traduction que nous adoptons. Esprit Bienfaisant, Esprit du Bien, n’est pas plus exacte littéralement que celle d’ « Esprit Saint » généralement admise ; mais elle se rapproche plus de l’idée fondamentale qui est celle du bien fait par le dieu. — Traité comme nom propre Speñta Mainyu est transcrit en pehlvi Spînâk mînôî ; cf. note 4.
  4. 4. Añgra Mainyu, Zanâk mînôî « Esprit qui détruit » (lire zanàk, au lieu de la lecture traditionnelle Gannâk mînôî ; g et z sont écrits de la même façon et Nériosengh traduit hantar « celui qui tue », ce qui est la traduction naturelle de zan-âk.
  5. La forme perse ; n’est pas inconnue au zend (arela, déjiṭ-areta, aretô-karethna).