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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


Ces cinq degrés correspondent-ils à la division territoriale ? Il est bien difficile d’admettre qu’il y eût un Dâtôbar par maison : mais le Dâtôbar mis à part, il ne serait pas impossible qu’il y eût dans le reste symétrie entre les deux séries ; qu’il y eût, au moins dans la période sassanide, un Magûpat par bourg, rûstâk ou vis ; un Rat 19[1] par district, kûra ou zañtu ; un Magû-andarzpat par grande province, balad ou dahyu 20[2] ; comme il y avait un Zarathushtrôtema pour tout l’empire (cf. Y. XIX, 18).


3o L’on a enfin mis en rapport avec les divers Gâhs un certain nombre de divinités qui ont semblé avoir plus ou moins d’affinité avec chacun d’eux. Ainsi Mithra, dieu du soleil, et son acolyte Rama Hvâstra ont été joints à Hâvani, le Gâh qui commence au soleil levant ; Asha Vahishta et Âtar, Génies du feu, à Rapithwina, le Gâh de la chaleur du jour. Le rapport des deux Gâhs suivants avec les groupes qui leur sont adjoints est moins clair. Sraosha, avec ses acolytes Rashnu et Arshtât, est rattaché par son rôle nocturne à Ushahina, le Gàh qui va de minuit à l’aurore (Vd. XVIII, 23, 51).
Le tableau suivant permettra d’embrasser les rapports complexes que nous venons d’analyser.


GÉNIES DES GÂHS ET LEURS AUXILIAIRES
1o Ushahina Berejya   Nmânya
  (moitié de la nuit
depuis minuit).
(génie qui fait
croître
les grains).
Sraosha
Rashnu
Arshtât
(génie de la maison).
(dâtôbar, juge).
 
2o Hâvani Sâvanhi   Vîsya
  (matinée). (le grand bétail). Mithra
Râma Hvâstra
(du bourg)
(magûpat, prêtre).
 
3o Rapithwina Frâdat-fshu   Zantuma
  (midi). (le petit bétail). Asha Vahista
Âtar
(du district)
(rat, évêque) 21[3].
 
 
4o Uzayêrina Frâdat-vîra   Dahyuma
  (après midi, soirée). (les hommes). Apâm Napât (du pays)
Magû-andarzpat,
inspecteur du culte 21[3]
 

 
Aiwisrûthrima Aibigaya Frâdat-vîspãm-hujyâiti   Zarathushtrôtema
 
  (première moitié de la nuit). (les fruits). Fravashayô
Ama
(de toute la
communauté religieuse)

(Magûpatân-Magûpat,
chef suprême de la religion).
  1. 19. Dans les Actes des martyrs de Perse, on voit souvent le chef de la kûra appelé Radh (Noeldeke, Tabari, 447). Il n’était pas rare, surtout en temps d’inquisition, que les hautes fonctions civiles fussent confiées à des mains cléricales.
  2. 20. En fait, on trouve mention d’un Andertsapat du Seistan (Patkanian, l. l.) : je ne sais s’il s’agit là d’un Andertsapat militaire ou laïque.
  3. a et b 21. Ces deux traductions n’ont qu’une valeur d’analogie.