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ANNALES DU MUSÉE GUIMET


l’empêchent de donner à la science iranienne tout ce qu’elle pouvait attendre de lui ; mais il laissait la science constituée et l’exemple de la méthode à suivre, non seulement dans ce cas spécial, mais dans tout déchiffrement de langue inconnue.
Vers la même époque, le déchiffrement des inscriptions perses par Burnouf, Lassen et Rawlinson révélait l’existence, à l’époque des premiers Achéménides, d’une langue étroitement alliée au zend, et les derniers doutes sur l’authenticité de l’Avesta furent emportés du même coup. L’Angleterre même désarma, et dans ses interminables polémiques avec les Parsis, le Révérend John Wilson se référa aux traductions de Burnouf et n’éleva pas un doute sur l’authenticité du livre qu’il attaquait[1].
La méthode était tracée : il n’y avait qu’à la suivre — puisqu’elle avait fait ses preuves — en élargissant son champ d’application et ses ressources. Burnouf n’avait eu en main qu’un instrument, la traduction sanscrite de Nériosengh. Or, cette traduction ne pouvait servir que pour le Yasna et d’autre part, pour le Yasna même, elle offrait certains dangers . Elle n’avait point été faite directement sur l’original : elle était calquée, avec une littéralité barbare, sur la traduction pehlvie : de là des obscurités nombreuses et souvent des erreurs que l’on ne pouvait reconnaître qu’en se reportant à l’original pehlvi, et il fallait tout le bon sens intuitif de Burnouf pour éviter les pièges que tendait, à chaque phrase, la servilité maladroite de la traduction sanscrite. À l’époque où Burnouf rédigeait son Commentaire, les textes pehlvis, malgré les découvertes épigraphiques de Sacy, étaient encore scellés d’un double sceau : il y a loin du déchiffrement d’une inscription ou d’une légende monétaire à la lecture d’un livre suivi. Ce n’est que

    partie de la Grammaire comparative de M. F. Bopp, qui se rapporte à la langue zende (dans le Journal des Savants, 1833).
    Observations sur les mots zend et sanscrit Vahista et Vasichtha et sur quelques superlatifs en zend (dans le Journal asiatique, 1834).
    Enfin l’édition lithographiée du Vendidad Sadé de la Bibliothèque royale, (vol. in-fol. de 562 pages, 1829-1843) ; dont la transcription romane par Brockhaus, en 1850, met pour la première fois un texte accessible dans la main des étudiants.

  1. The Parsi Religion, as contained in the Zend-Avesta… unfolded, refuted, and contrasted with Christianity, Bombay, 1843 ; vol. in-8o . Livre assez étrange dans son objet et dans la forme, mais précieux par la masse des données prises sur place.