Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/138

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tion, volontairement ou par force majeure, se rejette dans les voies plus dures, mais plus utiles, du commerce, de l’industrie et surtout du travail de la terre, cette grande nourricière universelle.

Des différentes branches de l’agriculture, seuls la culture des céréales et l’élevage des bestiaux sont pratiqués couramment au Tibet ; l’horticulture y est à peu près nulle, autant, sans doute, à cause de la rigueur du climat que de l’indifférence des habitants. Sauf autour de Lhasa et de quelques grands monastères-palais, tels que ceux de Tachiloumpo, de Tassisoudon ou de Panoukka, il n’existe aucun jardin à peu près digne de ce nom, et, même là, la culture de la fleur est absolument dédaignée. À part le lotus[1], consacré aux Bouddhas comme symbole de pureté et recherché par conséquent pour les offrandes, les seules fleurs cultivées dont nous ayons trouvé mention sont la pivoine, commune et arborescente, dans le district de Bathang, où probablement elle a été importée de la Chine, la marguerite, le chrysanthème et le pavot qui paraissent avoir élu domicile presque exclusivement dans la province de Tsang dont le climat est relativement plus doux et l’altitude moins considérable. La culture maraîchère est presque aussi négligée ; on ne signale guère que l’oignon, l’ail, le persil, les épinards, le melon, le navet, le radis et le chou comme étant l’objet de quelques soins, et encore ne se rencontrent-ils que dans les environs des villes, où le besoin de confortable et de variété dans l’alimentation se fait un peu plus sentir que chez les grossiers habitants des campagnes. Par contre, grand amateur de fruits, le Tibétain soigne les arbres fruitiers avec amour, quoique pas toujours très habilement. Dès qu’au fond d’une vallée ou sur la pente de quelque colline il trouve quelques mètres de terrain abrité du vent et bien exposé au soleil, il s’empresse d’en faire un verger. Cer-

  1. Nymphæa Nelumbo de Linné.