Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/165

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sant devant eux les armées tibétaines comme un troupeau de moutons, jusqu’à Tachilhounpo qu’ils prennent et pillent. Puis, avisés de l’approche d’une armée chinoise de secours, ils se retirent avec leur riche butin dans leurs montagnes, où les Chinois ne tardent pas à les poursuivre et à leur imposer comme condition de paix la reconnaissance de la suzeraineté de la Chine et le paiement d’un tribut annuel.

En 1834, c’est sur sa frontière occidentale que le Tibet est attaqué. Goulab-Singh, roi du Cachemir, envahit victorieusement la province de Ladak, ou Petit Tibet, et s’avance même jusqu’au cœur du Ngari. L’arrivée, tardive, comme toujours, d’une armée chinoise considérable, força le conquérant à rétrograder ; il sut cependant maintenir ses positions dans l’Himalâya et conserver le Ladak, dont la possession lui fut reconnue par les traités de 1842 et 1856.

À peu près à la même époque, 1854-1856, la guerre éclatait de nouveau avec le Népal et cette fois à l’avantage de ce dernier, qui à son tour imposait un tribut au Tibet et se faisait accorder certains avantages commerciaux, entre autres le droit d’avoir à Lhasa un agent commercial népalais.

À peu près en même temps, les Anglais, de leur côté, s’emparaient de la principauté de Sikkim, dépendance du Tibet, et, en 1865, de la partie du Boutan appelée Douar.

Tandis que ces événements s’accomplissaient aux frontières, d’autres non moins graves se passaient à l’intérieur : en 1844, la charge de Nomokhan, ou vice-roi, était occupée par un homme très habile et très ambitieux, jouissant d’une grande popularité, même parmi les lamas, en raison de ses libéralités. Aussitôt au pouvoir, il avait pris sous sa protection les lamas du monastère de Séra, l’un des plus importants de Lhasa, qui en retour lui étaient complètement dévoués. Sur ces entrefaites le Dalaï-Lama étant mort, le Nomokhan fut investi de la régence pendant la minorité de son successeur ; mais bientôt après l’enfant périt, étranglé,