Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/199

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présenté dans des crânes humains, jouent le principal rôle.

En raison, sans doute, du relâchement de leur doctrine, si tolérante pour les passions humaines, les Nyigmapas ont été longtemps et sont peut-être encore majorité au Tibet. Leurs nombreuses sous-sectes, séparées par des nuances insignifiantes de choix d’un Tantra ou d’un Terma spécial pour la direction de leur règle intérieure et d’une divinité tutélaire particulière, sont répandues par tout le territoire, de même que leurs monastères, dont quelques-uns jouissent d’une grande renommée, entre autres ceux de Samyé, métropole de la secte, de Morou, de Ramotch’é et de Karmakhya ; ces trois derniers possédant des collèges pour l’étude des sciences occultes, astrologie, exorcisme, magie et divination.

Il convient cependant de reconnaître que tous les adeptes Nyigmapas n’approuvaient pas la doctrine licencieuse et dangereuse pour la morale publique des Tertons[1] ou inventeurs de traités cachés, et un certain nombre d’entre eux, s’inscrivant en faux contre la prétendue révélation de ces Termas, constituèrent sous le nom d’école Sarma un groupe indépendant qui, tout en conservant la tradition mystique et tântrique entrée dans les mœurs religieuses, s’imposa une stricte discipline physique et morale, l’observation rigoureuse des règles monastiques de célibat, d’abstinence, d’obéissance et de renoncement au monde, la pratique de la charité universelle et l’exercice de la méditation. À ce groupe appartiennent les sectes Karmapa, Bhrikhoungpa[2], Dougpa[3] (cette dernière répandue surtout dans le sud du Tibet, au Boutan et à Sikkim), et les monastères importants de Mindoling[4], Dordjédak[5], Karthok,

  1. Gter-ton.
  2. Ou Dikoungpa.
  3. Brug-pa.
  4. Smin-grol-gling.
  5. Rdo-rje-brag.