Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bientôt en un véritable culte religieux en transformant en Dieu suprême le philosophe négateur de la divinité.

De l’étude des Écritures et surtout des monuments les plus anciens (stoupas de Bhilsa et de Bharhut), il résulte la preuve à peu près certaine que ce culte a commencé par la vénération et ensuite l’adoration des reliques du Grand Réformateur. Ces reliques sont de trois sortes : Çâṛîṛîka, « corporelles », ossements épargnés par le feu et recueillis dans les cendres de son bûcher funéraire, cheveux et rognures d’ongles qu’il donna à plusieurs convertis laïques, à des Nâgas, etc. ; Pâṛibhogika, « objets lui ayant appartenu ou servi », son trône (Vajra ou Bodhimanda sasana), son vase à aumônes (Pâtra), son vase à boire (Kumbha), son bâton, des fragments de ses vêtements ; Uddeçika, objets commémoratifs des événements de sa vie, lieux saints où il naquit, parvint à la dignité de Bouddha, prêcha la Loi et mourut, ainsi que ceux, fort nombreux, où il laissa l’empreinte de ses pieds. Dans cette dernière catégorie rentrent les cavernes où il laissa son ombre (encore visible de nos jours pour les pèlerins suffisamment pourvus de foi), et les livres sacrés (Tripitaka : Vinaya, Sūtra, Abhidharma) qui renferment son esprit, c’est-à-dire son enseignement pieusement recueilli par ses disciples.

Un peu plus tard, c’est sa personne même qui reçoit les honneurs du culte, sacrifices, offrandes, prières, d’abord représentée, à ce qu’il semble, par des symboles tels que le trône placé sous l’arbre Bô, ou bien supportant l’empreinte de ses pieds, ensuite par des images.

Longtemps, sans doute, le Bouddha fut l’unique objet du culte ; puis, vers le commencement de notre ère, sous l’influence du mysticisme grandissant, apparaissent Adi-Bouddha, les Dhyâni-Bouddhas et les Dhyâni-Bodhisattvas qui partagent avec lui le culte des fidèles, bientôt suivis de la multitude des Bouddhas et Bodhisattvas des « Trois mille grands milliers de Mondes ». En même temps, peut-être