Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/267

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grands Lamas — de telle manière qu’on peut le plus souvent les reconnaître sans hésitation.

C’est à ces images que s’adresse le culte en tant que véritables matérialisations des divinités, qui résident effectivement en elles appelées et fixées par les cérémonies de consécration dites « Ouverture des yeux, de la bouche et des oreilles », cérémonies magiques qui, par des incantations toutes-puissantes, ont pour but et résultat de faire entrer l’esprit du dieu dans l’image désormais animée et douée de toutes les qualités et de la puissance de l’être divin qu’elle renferme et représente.

Mais à côté des images, il est d’autres objets matériels qui reçoivent aussi un culte de vénération et parfois même d’adoration. Ce sont les symboles sacrés qui figurent sur les autels comme représentations de certaines idées abstraites, d’offrandes imaginaires impossibles à réaliser, ou même comme substitut de l’être divin auquel tel ou tel d’entre eux est spécialement consacré, devenant dans ce dernier cas une relique pâribhogika ou uddeçika[1]. Tels sont :

L’arbre sacré de la Bodhi, ou arbre Bô, quelle que soit d’ailleurs son essence. On sait que Çâkyamouni parvint à la sagesse parfaite et acquit l’état sublime de Bouddha, assis au pied d’un Pipal ou ficus religiosa, et chacun des autres Bouddhas connus possède au même titre un arbre spécial, souvent rendu avec assez de vérité pour qu’il soit possible de le déterminer dans les bas-reliefs ou sur les dessins. En ce qui regarde Çâkyamouni, le plakcha, dont Mâyâ-Dévî tenait une branche fleurie au moment où elle mit au monde son fils, et le Çâla à l’ombre duquel il entra dans le Nirvâna, partagent dans une certaine mesure le même caractère sacré, sans toutefois avoir le rôle d’emblème représentant le Bouddha en personne, autant du moins que nous le sachions.

  1. Voir page 242.