Page:Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’études, tome 12-13.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le centre de la muraille. Plusieurs de ces colonnes sont couvertes de drap noir et ont, de divers côtes, des bandes d’étoffe blanche, perpendiculaires et transversales, qui forment des croix fort distinctes[1]. Les colonnes sont grenues et cannelées, et on y a gravé diverses lettres. Elles sont aussi couronnées de quelques légers ornements. Des têtes de lion, bien sculptées et bien dorées, sortent des quatre angles au-dessus de la corniche et portent des cloches suspendues il leur mâchoire inférieure.

« Mais la partie la plus brillante et la plus apparente de l’édifice, celle qui couronne le tout, est un dôme magnifiquement doré qui est au-dessus du centre de la pyramide et des restes du Lama. Il est supporté par de légères colonnes et il donne à l’ensemble de l’édifice bien plus d’éclat. Ses bords se relèvent avec grâce. Son sommet est orné de dragons chinois et, tout autour, il y a un nombre immense de petites cloches qui, ayant des morceaux de bois minces et carrés attachés au battant, font, avec celles qu’on voit à toutes les autres parties avancées de l’édifice, un carillon considérable dès que le vent les agite. »

Il semblerait, d’après ce que nous avons vu de leurs usages mortuaires, qu’une fois les funérailles terminées, les Tibétains ne doivent plus guère se soucier de leurs morts. Cela est exact en ce qui concerne le corps, guenille de nulle valeur dès que l’âme l’a quitté, sauf lorsqu’il s’agit de saints personnages ; mais, en bons bouddhistes qu’ils sont, ils se préoccupent, en certaines occasions, des âmes qui peuvent ou avoir besoin de prières pour obtenir une bonne transmigration et d’offrandes pour soutenir leur existence, ou bien venir efficacement en aide aux vivants si elles ont trans-

  1. Schlagintweit constate également l’existence de ces croix blanches sur fond noir, comme décorations des cylindres à prières et des fenêtres des monastères. Il y voit le symbole du calme et de la paix (Le Bouddhisme au Tibet ; Annales du Musée Guimet, t. III, p. 116).