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VISITES DES BOUDDHAS DANS L’ÎLE DE LANKA

14. Ensuite au temps du second Bouddha, Kónágama, cette île fut appelée Waradwipa ; le bois Maha-mewouna reçut le nom de bois Maha-anomâ. La cité au sud de ce bois fut nommée Waddliamanalia. Elle fut enrichie de toutes sortes d’opulences par son roi Samindha. Dewakouta fut appelé Soumanakouta.

15. En ce temps, cette noble île de Lanka, qui était habitée par quatre nobles tribus d’hommes et pleine de femmes semblables à des déesses, de vaches et de buffles et de toutes sortes de richesses, n’ayant pas eu de pluie pendant quelque temps, fut désolée par une grande famine, comme la famine appelée Beminitiya-saja au temps de notre Bouddha, et il y eut une grande détresse faute de nourriture.

16. Comme la fin de tous les discours de Bouddha est dirigée vers les (l’un ou l’autre des) trois buts[1] ; il observa les temps et vit à quelle détresse la famine avait réduit les hommes, et persuadé que « les êtres raisonnables peuvent être conquis à la foi quand ils sont dans la peine », il vint ici, à travers les airs accompagné de trente mille prêtres saints, et se plaça debout juste à la place où les premiers Bouddhas avaient laissé la trace de leurs pieds, sur le sommet de Soumanakouta (Mihintala) et, regardant dans les dix directions, il dit : « Qu’à l’instant même la pluie tombe sur cette île et que toutes les fontaines et tous les canaux soient remplis. »

17. Et à l’instant, promptes comme la pensée du Seigneur, cent nuées bleues gonflées de pluie se présentèrent à la vue, comme si les montagnes se réfléchissaient dans le miroir du ciel. Cent et mille colonnes de nuages pluvieux se montrèrent semblables à des masses de colonnes de saphir bleu éparses dans la voûte du firmament, et les nuées commencèrent à rugir comme une musique divine que les dieux offraient au Bouddha.

18. Et mille arcs-on-ciel apparurent comme autant d’arches bâties par les dieux comme offrande au Bouddha. Et des myriades d’éclairs étincelèrent dans toutes les directions, semblables à des rangées de bannières offertes par les dieux. Mille paons dressèrent leur queue superbe comme s’ils déployaient des parasols de plumes sur leur tête pour se protéger contre la pluie qui les inondait.

  1. Dans le texte the three marks, ce sont les trois sujets principaux de la méditation des ascètes bouddhistes, c’est-à-dire l’infériorité de la nature humaine, le chagrin dans toutes choses mondaines et l’anéantissement (d’après l’explication de M. da Sylva, prêtre bouddhiste singhalais).