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ET OUVERTURE DU FLEUVE ROUGE AU COMMERCE

tay. Nous sommes de retour à Hâ-noï à midi 35. Il y a d’ici à Son-tay, 30 à 32 milles. Une lettre du commissaire Ly est parvenue à bord pendant mon absence. Il y est question du général Fang et de la fameuse réponse de Hué.

Le général Fang a répondu à Ly qu’il adresse un rapport à la cour sur la proposition que je lui ai faite de chasser les bandits de Lâo-kaï, mais il ne peut prendre sur lui une telle décision.

Quant à la réponse de Hué, au sujet de mon passage, Ly ne dit ni oui ni non ; mais le gouvernement annamite n’a pas été informé officiellement par le vice-roi de Canton, qui est l’intermédiaire officiel entre la Chine et l’Annam. Le pauvre Ly cherche tous les moyens pour m’empêcher de remonter en Chine.

27 décembre. — Les autorités d’Hâ-noï font demander une entrevue pour aujourd’hui ; le vice-roi fait dire qu’il ne pourra y assister, mais qu’il y aura le trésorier et le chef militaire de la province. On doit nous pi’évenir quand les mandarins seront prêts. Vers H heures, on vient nous dire que les mandarins nous attendent au koueï-kouang des Cantonnais. MM. Millot, Bégauld et Fargeau, les capitaines du Lâo-kaï et du Hong-Mang et mon secrétaire Ly -Ta-Lâo-Yé m’accompagnent, ainsi que les deux lieutenants ayant avec eux chacun dix hommes. Nous arrivons au Koueï-kouang, devant lequel on a disposé une haie de soldats armés de piques, de lances, de grands sabres et de quelques mauvais fusils à pierre et à mèche : c’est l’escorte de nos mandarins. Après les banalités d’usage, j’entre en matière par la demande de barques pour remonter au Yûn-nân, et tout l’entretien roule sur ce chapitre. Le trésorier, qui parle au nom du vice-roi, répond à toutes mes demandes par un refus, étant sans ordre du roi, mais proteste contre les menaces que les autorités auraient faites aux populations pour les empêcher de nous louer des barques ou de nous fournir des équipages. Décidément, ce sont de grands fourbes que ces mandarins annamites. Il est décidé que je ferai une demande officielle au vice-roi. Je prends de nouveau le trésorier à partie sur les préparatifs militaires que l’on fait à mon intention en levant partout des troupes dans le Tong-kin, et sur les menaces de mort que l’on profère contre ceux qui entreraient en relations avec nous pour nous fournir des vivres ou des renseignements. Bien entendu, il se met à rire en disant que ce n’est pas possible, et se confond en protestations de toutes sortes et en courbettes.