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LE MYTHE DE VÉNUS

la divinité orientale et grecque s’est identifiée peu à peu avec l’antique protectrice des jardins du Latium ; comment, sauf quelques modifications exigées par le caractère et la politique des Romains, Aphrodite est devenue Vénus.


II

De même qu’il y a deux Vénus à Rome, eu Grèce il y a deux Aphrodites. Leur différence se montre dans les plus anciens monuments de la tradition et de la poésie, dans les poèmes d’Homère et d’Hésiode.

Dans les uns comme dans les autres, il est vrai, les trois noms de la déesse, Aphrodite, Cypris, Cythérée, sont les mêmes (les deux derniers sont des surnoms dont nous verrons bientôt l’explication). Pour Homère comme pour Hésiode, elle est la déesse des amours. C’est elle qui a donné Hélène à Paris, et qui les réconcilie conjugalement quand ils se querellent, comme à la fin du chaut III de l’Iliade. Elle prête à Héra sa ceinture toute-puissante quand celle-ci veut séduire son époux Zeus. S Odyssée mms la uioutre même pratiquant Fainour libre et très libre dans ce récit de Démodocus qui est un vrai fabliau.

Pour les deux poètes, Aphrodite est la représentation de la beauté, c’est la grande séductrice « qui charme le cœur des hommes et des dieux. »

Mais Aphrodite n’a point chez le poète de l’Iliade la même origine que chez celui de la Théogonie. C’est là une différence capitale, caractéristique, qui trahit deux mythes tout à fait distincts, bien qu’ils soient déjà mêlés en partie dès les temps homériques.

Dans l’Iliade Aphrodite est fille de Zeus et de Dioné, la grande déesse de Dodone ; dans la Théogonie elle est née de l’écume des flots à la suite de la mutilation d’Ouranos par Kronos. On peut en induire que nous voyons dans Homère le vrai mythe grec, le mythe indigène, et dans Hésiode nue importation étrangère dont il n’est pas difficile de démêler la source.

Etudions d’abord l’Aphrodite grecque, la fille de Dioné. Cette Dioné, comme divinité distincte d’Aphrodite, a été plus tard mise eu oubli, par suite de la prédominance qu’avait prise le mythe hésiodique. La déesse née