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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

nous trouvons le récit de la naissance de la mère du Bouddha, récit qui ne laisse aucun doute sur le motif qui a fait donner son nom à la reine Mâyâ. Voici le passage :

« En ce temps-là le roi Sinhahanou régnait dans la ville de Kapilavastou riche, étendue, heureuse, florissante, remplie de créatures et d’habitants nombreux ; il n’y avait là ni querelles, ni contestations, ni voleurs ; les malades y retrouvaient la santé ; le pays était rempli de fruits, de cannes à sucre, de bétail, etc.

Dans la ville de Dêvadâha, riche, étendue, heureuse, etc., régnait le roi Souprabôdha. La reine, la plus belle femme du pays, ravissante à voir, s’appelait Loumbinî.

À Dêvadàha demeurait un maître de maison très riche, possédant de grandes propriétés, ayant une fortune égale à celle de Vaiçravana, le dieu des richesses. Il avait un jardin délicieux rempli de fruits de toutes sortes, de ruisseaux et d’oiseaux de toute espèce qui faisaient entendre leurs chants. Le roi y venait de temps en temps avec la reine et là ils se livraient à la joie. Loumbinî en voyant ce jardin en eût envie et dit : Sire, veuillez me donner ce jardin. Le roi dit : Ce jardin est à un maître de maison ; comment le donnerais-je ? S’il vous est agréable d’avoir un jardin, j’en ferai planter un bien plus beau. Et le roi Souprabôdha fit planter pour la reine Loumbinî un jardin délicieux qu’on appela le jardin de Loumbinî.

Depuis longtemps le roi Sinhahanou avait cette pensée : Quoiqu’il soit né dans ma famille un roi Tchakravartin, à quoi cela sert-il ? (De son côté) le roi Souprabôdha pensait ; Depuis longtemps je fais partie delà famille de Sinhahanou, (mais) à quoi cela sert-il (si je n’ai pas d’enfants) ?

Quelque temps après, il se livra avec la reine au plaisir et à la volupté et celle-ci devint enceinte. Au bout de huit ou neuf mois naquit une Pille au corps charmant, agréable à voir, dont les membres et leurs parties étaient bien complets. À cause de la beauté du corps de cette enfant, le roi Souprabôdha, la suite des femmes et les habitants de Dêvadàha furent tous émerveillés. On se demandait si c’était une fille ou le produit d’une illusion. Pendant trois fois sept jours, jusqu’au vingt-unième, on célébra