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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

en tibétain le nom de bya-rgod-phung-pohi-ri (sk. Gṛdra-kûṭa-parvata), « la montagne où se rassemblent les vautours[1] ». Ses auditeurs étaient, outre un grand nombre de Bodhisattvas (parmi lesquels Byams-pa (sk. Maitreya) et de dieux (parmi lesquels Kauçika ou Indra), ses propres disciples, au nombre de cinq mille prêtres) , dont les principaux étaient Çarihi-bu ou Çaradvati-hibu, Rab-hByor, Hod-srung et Kun-dgah-vo). C’est en général Bcom-Ldan-Hdas (Çâkya) qui a la parole ; il s’adresse d’abord à Çaradvatihibu, ensuite à Rab-hByor, ses disciples. Ceux-ci posent à plusieurs reprises une question à Çâkya, qui ne donne pas une réponse directe, mais formule des propositions telles qu’ils sont amenés à trouver eux-mêmes la solution. C’est en général avec Rab-hbyor (sk. Subhûti) que Çâkya s’entretient dans tous ces volumes.

Le premier compilateur de la Prajñâ-pâramita fut Kâçyapa (tib. Hod-srung), que Çâkya désigna pour être son successeur quand il ne serait plus.

Dans le Bstan-hgyur, les seize premiers volumes de la classe Mdo sont tous des commentaires sur la Prajñâ-pâramitâ. Ensuite viennent plusieurs volumes où l’on expose la philosophie Madhyâmikâ, qui est fondée sur la Prajnâ-pâramitâ. On dit que la Prajñâ-pâramitâ a été enseignée par Çâkya, et que le système Madhyâmikâ l’a été par Nâgarjuna (tib. Klu-sgrub), lequel aurait vécu 400 ans après la mort de Çâkya, qui avait prédit que ce personnage naîtrait après ce délai pour développer les principes les plus élevés posés dans la Prajnâ-pâramitâ. Avec Nâgarjuna commence le système philosophique Madhyâmikâ. Avant lui les philosophes de l’Inde se jetaient dans deux extrêmes, annonçant ou bien la durée perpétuelle ou bien l’anéantissement complet de l’âme. Il adopta une voie moyenne, d’où vient le nom de cette secte philosophique. Il y a dans le Bstan-hgyur plusieurs ouvrages de lui, et aussi de ses successeurs, où la doctrine de l’école Madhyâmikâ est expliquée.

Entre autres objets de spéculation, on discute et on analyse dans le système Madhyâmikâ les vingt-sept sujets suivants :

  1. « La montagne dont le sommet a la forme du bec du vautour », selon l’explication donnée par le voyageur chinois Hiouen-Thsang. (L. F.)