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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

sûtra un exposé détaillé des théories de la métaphysique bouddhique en même temps que de celles de quelques sectes hétérodoxes, notamment de la secte Lokâyata (tib. Hjig-rten rgyang hphen-pa) འཇིག་རྟེན་རྒྱང་འཕེན་པ. Çâkya, s’entretenant avec un Bodhisattva (appelé en sanskrit Mahà-mati, tib. Blo-gros-chen-po), énumère les lieux communs de la métaphysique bouddhique, en accompagnant chacun d’eux d’une discussion. Du folio 298 au 456, il y a une nouvelle explication du Lankâvatâra-sûtra contenant, selon ce qui est formellement déclaré, l’essence de la doctrine de tous les Tathâgatas.

Le Lankâvatâra-sûtra a été traduit par ordre du roi tibétain Dpal-lha-btsan-po (Kri de-srong-btsan ou Ral-pa eau) dans le neuvième siècle. Nul Pandit indien n’est mentionné. Il est dit seulement qu’il fut traduit par le Lotsava Gelong (Hgos-chos-grub), qui ajouta le commentaire d’un professeur ou docteur chinois appelé Wen-hi ; ce commentaire doit être la dernière partie du Sûtra décrit ci-dessus.

3. Le troisième traité (folio 456-468 et dernier) a pour titre sanskrit :

Arya gayâ çirṣa nâma mahâyâna sûtra, tib. Hphags-pa gayâ-mgohi-ri འཕགས་པ་ག་ཡྰ་མགོའི་རི, « la colline de Gayâ-cirṣa », court traité de grand Véhicule sur les théories et les pratiques des Bodhisattvas.

Peu après être devenu Bouddha, Çâkya se trouvant avec un millier de Gelongs et beaucoup de Bodhisattvas au Caitya (tib. mchod-rten) de Gaya, lieu d’adoration sur la colline de Gayâ, Hjam-dpal (Sk. Manju-çri), lui demande l’explication du terme Bodhisattva, explication qui lui est donnée ; c’est tout le sujet de ce traité.

    sente les idées des Mahâyanistes méridionaux, aurait été composé dans cette ile où serait né Aryadeva. Il remue les questions les plus abstraites et les plus importantes de la philosophie bouddhique et tend en même temps à détruire les théories hérétiques qui avaient également cours, comme nous l’apprenons par cet ouvrage, sur les Nidânas, le Nirvana et la non-éternité. Il y est dit que les noms ne sont pas des noms, qu’il y a pour la nature se(il laçons d’existence indépendante ; on y trouve des considérations sur les trois caractères de la raison la plus haute et la plus sage, sur le réveil par soi-même, sur la fausseté et la vanité des idées. Le Tathâgata est créé et n’est pas créé, il est non-éternel et n’est pas non-éternel ; son cœur (Tsang, âlaya) est le fondement du bien et de ce qui n’est pas le bien. Tous les objets (extérieurs) existent dans l’instantanéité (sont momentanés). — Il y a deux espèces de non-moi » (151-2).