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ZEND-AVESTA. — INTRODUCTION I : LES ÉTUDES ZOROASTRIENNES
mêmes et d’une langue coulante, l’est bien plus encore quand il s’agit, comme ici, d’une langue hérissée de conventions, et empêche le lecteur d’entrer dans le sens du texte aussi avant que le traducteur, ce qui est l’objet de toute traduction. Il n’y aurait que demi-mal si les originaux étaient publiés, car le spécialiste pourrait s’y reporter, et il pourrait admirer, comme l’a fait souvent l’auteur de ces lignes, la rare pénétration du traducteur et la sûreté avec laquelle il se meut dans les dédales de la phrase pehlvie. Mais tant que l’original restera inédit, le puissant instrument préparé par M. West pour les travailleurs n’aura qu’une partie de son énergie et de sa fécondité. Pour moi, ayant eu, grâce à la générosité de l’auteur, communication des originaux pehlvis, qui me manquaient, je puis dire que sans ses travaux, et surtout le dernier, la traduction que je présente au public aurait été beaucoup plus imparfaite encore qu’elle n’est, et dans les Gâthas en particulier, il est maint problème que je n’ai peut-être point réussi à résoudre, mais que, sans son Dinkart, je n’aurais pas même osé aborder.


Dans les quinze dernières années les polémiques entre les deux méthodes se sont ralenties, ce qui est un indice que l’évidence des faits commence à agir. Je ne crois pas qu’il y ait à présent un seul orientaliste qui croie que pour interpréter l’Avesta il suffise de connaître le sanscrit. L’illustre chef de l’école, M. Roth, à qui il n’aurait manqué que d’oublier un peu plus qu’il est un des maîtres des études védiques pour faire plus qu’aucun autre pour le progrès de la science zoroastrienne, semble, dans ces dernières années, s’être rendu un compte plus exact des conditions du problème et commence à donner droit de parole au pehlvi et au persan. Son éminent disciple, M. Geldner, après avoir annoncé une édition critique de l’Avesta, c’est-à-dire, comme on pouvait le craindre d’après ses travaux antérieurs, une restauration du texte primitif d’après certaines lois a priori[1], s’est résigné à l’œuvre plus modeste, mais infiniment plus utile et plus solide et qui lui vaudra la reconnaissance durable des orientalistes, d’une édition faite sur les seules données des manuscrits existants et don-
  1. Principalement de rythme