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ANNALES DU MUSÉE GUIMET
d’une caste. Le prêtre, nommé anciennement âthravan ou Magu[1], aujourd’hui Mobed (Maubad)[2], tient son pouvoir, non pas de la consécration d’une autorité religieuse qui lui confère le don sacré, comme dans l’Église catholique ; ni de l’investiture de l’État, comme dans le culte grec et romain ; ni de l’investiture des fidèles, comme chez les Réformés et les Musulmans ; mais exclusivement de la naissance, comme dans le Brahmanisme et dans le Judaïsme sacerdotal. On naît prêtre, on ne le devient pas.
« Tous les prêtres de Perse, dit le Bundahish, forment une seule et même famille descendue du roi Mànùshcìhr » ; et l’unité de la race sacerdotale est tellement un dogme essentiel aux yeux des Parsis, qu’après l’émigration aux Indes, on imagina que tous les Mobeds aujourd’hui existant dans l’Inde descendent d’un seul et même prêtre venu avec la première colonie.
Un Mobed, en règle stricte, ne doit se marier que dans une famille de Mobeds : il n’épousera pas la fille d’un laïque, d’un Beh-dìn, et la fille d’un Mobed n’épousera pas le fils d’un laïque. D’ailleurs, étant donnée la fréquence des mariages consanguins chez les Parsis, de pareils mélanges de castes sont nécessairement rares. Cependant, dans les derniers temps, un relâchement s’est produit à ce sujet et un Mobed épousera volontiers une fille de laïque, surtout si elle est riche[3] Le Mobed, en épousant une Beh-dìn, l’élève à sa caste : elle cesse d’être Beh-dìn, elle prend le titre réservé aux
  1. âthravan, gén. athaurunὸ ; est sans doute un dérivé de âtar « feu » et signifiera « prêtre du feu » ; c’est ainsi que l’entend Strabon : τὸ τῶν Μάγων φῦλων οἲ καὶ πύραιθοι καλοῦνται ; (XV). — magu (vieux perse) semble être le nom ethnique des prêtres du feu, qui appartenaient sans doute à la tribu médique des Mages (Hérodote, I, 101) ; l’Avesta n’emploie que le mot àthravan ; magu ne paraît qu’une fois, dans l’expression moghu-ṭhish « l’ennemi du Mage » (Yasna LXV, 7), qui garde l’écho des antipathies populaires contre le clergé médique (voir l’Introduction au vol. II). Plus tard, quand les querelles de race furent éteintes, le nom populaire devint le nom courant.
  2. Proprement « chef de Mages », magûpat (transcription arménienne mogpet) : la littérature persane connaît encore le mot mogh هخ ».
  3. En 1777, le Panchayet de Bombay rendit une ordonnance défendant aux Beh-dìns de donner leurs filles à des Mobeds, en réponse à une ordonnance des Mobeds permettant aux ecclésiastiques d’épouser des filles de laïques, mais leur défendant de donner leurs filles à des laïques : le résultat était de faire passer la fortune laïque dans les mains cléricales, sans chance de retour. L’une et l’autre ordonnance sont à présent en désuétude (Dosabhai Framji, l. l., I, 219 sq.).