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FRAGMENTS TRADUITS DU KANDJOUR

Bhagavat répondit :

Gautama, c’est sur les bords du fleuve pur de la moralité
Que je me baigne et me purifie, loué par les sages.
Sans humecter mon corps, je m’y baigne,
Et j’arrive à l’autre bord des qualités de la science[1].

Le roi Çuddhodana répondit :

D’où nait la joie du triomphe ? d’où naissent la frayeur et la crainte ?
D’où naît l’affliction ? Je te pose ces questions, réponds-y.

Bhagavat répondit :

D’où vient, dis-tu, la joie du triomphe ? d’où viennent la frayeur et la crainte ?
D’où vient l’affliction ? Écoute ce que j’ai à te dire.
On vieillit, on tombe malade, on meurt : si ces trois conditions n’existaient pas,
Moi aussi je serais satisfait (de la vie) et je me plairais dans les lieux habités.

Le roi reprit :

Ô toi qui réjouis les tribus des Çâkyas,
Héros, en répandant la loi dans le monde
Tu n’éprouves aucun souci ;
Tu es bien né, c’est bien, (c’est) bien !

Puis, avec une grande joie et avec effusion,
Il tourna autour de l’assemblée des Çramanas.
Après quoi, se prosternant contre terre aux pieds du prince des Munis,
Il adressa au Tathâgata les éloges les plus judicieux.

Ls roi Çuddhodana fit ensuite cette réflexion : Mon fils, dont le jugement se distingue par un tel assemblage de qualités, est (donc enfin) retrouvé, oui, heureusement retrouvé !

9. CONVERSION DES ÇAKYAS

Cependant Bhagavat ayant compris et pénétré les pensées, les inclinations, les éléments et la nature de cette multitude de gens, fit un tel exposé de la loi que, à l’exception du roi Çuddhodana et de Devadatta le méchant, orgueil-

  1. Ces deux stances ressemblent tellement aux précédentes, que l’on peut croire que ce sont des variantes ou des commentaires, des gloses introduites dans le texte.