Page:Annales du Musée Guimet, tome 7.djvu/16

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confesser que la plupart des ouvrages, publiés par des Européens, portent le cachet de leur origine occidentale, ce qui n’est pas étonnant, vu les difficultés que rencontre tout non-Indou à entrer complètement dans l’esprit du système brahmanique.

Déjà pour les ouvrages philosophiques ce terrain pourtant commun à tous les hommes les Brahmanes peuvent, souvent à bon droit, se plaindre du manque de compréhension chez les traducteurs européens. Je ne citerai que la fameuse Bhagavadgita, traduite dans presque toutes nos langues occidentales, et les lacunes, si sensibles à un Indou, que renferment la plupart de ses traductions.

Mais ceci est surtout le cas pour les ouvrages concernant le rituel, et je ne crois pas trop avancer en disant qu’aucun Européen, qui n’a pu voir de ses yeux et entendre de ses oreilles le culte brahmanique, ne peut comprendre et rendre avec justesse les rites sacrés des Brahmanes.

Un séjour de onze années dans l’Inde, dont sept passées dans un contact continuel avec les Brahmanes érudits de la vieille école qui ne parlent que leur langue native ou le sanscrit et dont l’indouisme n’est point entaché d’idées occidentales ni modifié par l’éducation des collèges anglais, m’a été d’une grande utilité à ce sujet.

Je crois pouvoir dire sans témérité que le lecteur ne trouvera rien dans cette traduction qui ne soit clair, excepté peut-être un ou deux passages obscurs du Rig Véda pour la traduction desquels j’ai suivi Sâyana. Puisque ce grand commentateur et très érudit Brahmane n’a pu leur donner plus de clarté, je n’ai pas craint de confesser mon inhabileté à faire mieux, plutôt que de faire des conjectures plus ou moins ingénieuses, mais fausses.

Mon travail a été ardu et consciencieux. Ma tâche eût été de beaucoup simplifiée si, pour la traduction des nombreux hymnes pris du Rig Véda, j’avais pu suivre la traduction de Langlois. Que l’on compare, entre autres, notes 93, 104 et 108, et l’on verra pourquoi il m’a été impossible de le faire.

La traduction du texte est strictement littérale, et rien n’y est ajouté, si ce n’est toutefois les mots qui sont entre parenthèses et qui sont des explications