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man n’en fut pas moins repoussé à une majorité de 226 voix, et la chambre vota une adresse pour remercier la reine de la conclusion du traité. II restait encore au cabinet à se mettre d’accord avec les chambres au sujet de la Savoie. Le 12 mars M. Kinglake insista pour pouvoir présenter enfin une motion, très-compromettante pour le gouvernement et qu’il avait déjà deux fois ajournée à la prière de lord John Russell. Le ministre, fatigué de ces débats irritants qui n’aboutissaient à rien, apostropha la chambre en disant que, si elle voulait la guerre avec la France, elle pouvait discuter enfin la motion de M. Kinglake. Le parlement n’avait pas l’humeur si belliqueuse et sa haine contre la politique impériale trouvait une satisfaction suffisante dans des déclamations sans résultats. L’incident n’eut pas d’autre suite. Le 20 mars, M. Berkeley, suivant son habitude traditionnelle, proposa d’introduire le ballot ou scrutin secret dans le projet de loi sur la réforme électorale. La chambre alia au vote et le scrutin secret échoua contre une majorité de 107 voix. Le 23 mars, M. Horsman parla encore contre l’annexion, et le 26, il attaqua avec énergie la politique du cabinet. Lord John Russell, ne pouvant résister au torrent qui menaçait de l’entraîner, jugea nécessaire de s’identifier en quelque sorte avec la pensée de la chambre, pour mieux pouvoir la dominer. II déclara que l’indépendance de la Suisse est une question européenne et que l’annexion de la Savoie et de Nice a éveillé contre l’empereur Napoléon une grande méfiance en Angleterre et en Europe. II justifiait l’attitude de la Suisse, parlait d’un congrès comme pouvant seul régler la question, et laissait entendre que le temps approchait où l’Angleterre devait chercher en Europe d’autres alliances. Ces paroles, malgré les protestations de M. John Bright, provoquèrent dans la chambre une véritable explosion d’enthousiasme; le discours de lord John Russell fut considéré comme le point de départ d’un nouveau système d’alliance en Europe, et eut pour consequence immédiate de déchaîner toutes les vieilles haines de l’Angleterre contre la France. Trois jours à peine s’étaient écoulés depuis le discours de lord John Russell et M. Lindsey proposait à la chambre de voter une adresse à la reine, pour la prier d’entrer en négociation avec l’empereur Napoléon, pour conclure un traité maritime et abroger tous les droits sur les navires. Cette motion fut adoptée (29 mars), et le 2 avril, à l’ouverture de la chambre des communes, sir G. Cornwall Lewis, ministre de l’intérieur, communiquait la réponse de la reine. S. M. dormait à la chambre l’assurance que son gouvernement ferait toutes les démarches nécessaires pour obtenir le traité maritime. Confédération germanique. — Au sein de la confédération germanique ont continué les tiraillements qui avaient marqué les premiers mois de l’année 1859. Les ministres de quelques-uns des moyens et petits États, savoir : ceux de la Bavière, de la Saxe, du Wurtemberg, des deux Hesse, des deux Meklembourg, de Nassau, de Saxe-Meiningen et de Saxe-Altenbourg, se réunirent le 23 novembre, à Wurtzbourg, pour s’entendre définitivement sur quelques projets de réforme déjà concertés à l’avance. Aussi cette conférence ne dura-t-elle que deux jours. Ce fut le 17 décembre que les États qui en avaient fait partie présentèrent à la diète germanique leurs propositions de réforme. Elles étaient au nombre de quatre et concluaient; 1° à reprendre une proposition faite par la Prusse le 6 mai 1859, à l’effet de publier les procès-verbaux de la diète; 2° à inviter la commission chargée de préparer les dispositions communes sur le droit de domicile et d’établissement, à faire son rapport le plus tôt possible; 3° à inviter la commission chargée du rapport sur le tribunal fédéral, à examiner la question de l’uniformité de législation et les moyens d’établir en Allemagne une législation commune, notamment en matière civile et criminelle; 4° à examiner les mesures nnécessaires pour la défense des côtes de lla mer du Nord et de la Baltique. A ces propositions s’en joignit, le 23 fevrier 1860, une autre tendant à introduire l’unité des poids et mesures. Une seule de ces questions a été résolue depuis, celle de la publication des procès-verbaux de la diète. L’assemblée fédérale a décidé, dans sa séance du 8 mars, que ses procès verbaux seraient publiés, sauf dans des cas exceptionnels. Une de propositions du 17 décembre fournit, du reste, immédiatement à la Prusse, l’occasion de manifester le peu de sympathie qu’elle éprouvait pour les gouvernements de la conférence de Wurtzbourg. C’était celle qui concernait la fortification des côtes. La Prusse avait antérieurement pris elle-même l’initiative de cette question et convoque pour la discuter une conférence des États du littoral à Berlin. Mais le Hanovre refusa de se faire représenter à cette conférence. Ce dissentiment n’a pas eu d’autre suite jusqu’ici, qu’une résolution peu concluante de la diète; mais il se rattachait à une autre question beaucoup plus grave, que la Bavière elle-même avait soulevée dans la séance du 20 octobre, celle de la révision de l’organisation militaire de la confédération, qui éclata à ce sujet. La dissidence entre la Prusse et les États représentés à Wurtzbourg se produisit d’abord à l’occasion d’une question de forme. La Bavière et les autres États secondares s’étaient bientôt repentis d’avoir posé le problème de la réforme militaire d’une manière trop étendue; ils cherchèrent donc à l’amoindrir en ne faisant porter la révision que sur les détails techniques de l’organisation de l’armée fédérale, et en laissant en dehors les dispositions organiques. Sur ce point, néanmoins, ll’opinion de la Prusse semble avoir prévalu, puisque