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EGYPTE

plus intéressant dont se soit occupe le congres, c’est la question de l’association des artisans et Ouvriers, soit pour le crédit, soit pour le travail, soit pour l’acquisition des objets de consommation. Le congres s’est montre favorable a l’association sous toutes ses formes ; mais il a écouté surtout avec intérêt les renseignements que lui a donnes M. Schulze-Delitsch, sur les associations de crédit des artisans, institution propre a l’Allemagne, et dont M. Schulze lui-même a été le fondateur et le propagateur. Ces associations ont pour but de fournir des avances et de prêter des sommes d’argent a leurs membres. Elles sont organises de manière a imposer une responsabilité rigoureuse aux emprunteurs, et lorsque l’association elle-même emprunte au dehors, tous ses membres sont solidaires de la dette. Ces associations se sont beaucoup répandues dans les dernières années. On en compte aujourd’hui 155 en tout, dont 55 en Prusse, 21 en Saxe, 13 dans le Hanovre, 10 dans la Thuringe. Elles seraient plus nombreuses si la législation leur était plus favorable. Et le congres termina sa discussion sur cet objet par un vote qui s’adressait particulièrement au Hanovre, et par lequel il exprimait son regret que dans certains États on exigent encore l’autorisation du gouvernement pour ces sortes de sociétés. A. Ott.

ECUME DE MER ARTIFICIELLE. Le mi- neral si connu que la nature nous offre sous ce nom est, pour les chimistes, un silicate de ma- gnSsie hydrate Frapp^s de la simplicity de sa composition, stimulus d’ailleurs par Timportance industrielle de cette substance, plusieurs expe"- rimentateurs se sont propose" de la reproduire artificiellement ; parmi les diverses methodes re* - cemment proposers dans ce but, nous ne citerons que les plus importantes. M. Wagenmann dit avoir parfaitement r^ussi en prenant le carbonate de magnesie 16ger et spongieux que presente le commerce, radditionnant de magnesie calcinGeet d’un peu de lait de chaux, puis Pimmergeant dans une solution concentree de silicate de soude. On obtient ainsi une masse plastique, coherente, fa- cile h travailler et presenlant toutes les qualil^s de Te’cume de mer naturelle. — M. Bertolio a fait connattre une m6thode qui parait plus simple encore et consiste a laisser plusieurs jours les pains de carbonate de magnesie au sein d’une dissolution chaude de silicate de potasse ou de soude; mais, d’apres M. Wagner, le produit ainsi obtenu manque de la plasticity qui caractdrise l’^cume de mer naturelle ; aussi ce chimiste pre- f6re-t-il mdlanger de la magnesie avec 1/6 d’oxyde de zinc, immerger le tout dans la caseiue ammo- niacale et laisser sdcher. — Quoi qu’il en soit de la valeur de ces divers process, ils presentent, au point de vue pratique, un certain interet, et nous avons cru devoir les relater rapidement. Aim£ Girard. EGYPTE. Pacha ou vice-roi, Mohammed-SaVd. ills de Mehdmet-AIi, et oncle d’ Abbas, auquel il succdda le 14 juillet 1854. — La superficie de Tfigyple est d’environ 557,000 kilometres carr£s. Sa population, qui etait evaluee a 2,500,000 habi- tants en 1798, a 3,700,000 en 1817 et h 4,250,000 en 1847, s’eleverait aujourd’hni a 5,125,000 s’il fallait regarder comme absolument exact le re- censement execute en 1859 par Tordre du gou- vernement. Sur ce nombre, les Turcs, la race conquerante, ne figurent que pour 12 ou 14,000; on y compte un nombre superieur d’Europeens, dont la moitie au moins sont des Francais. Le pays est divise d’apres l’annuaire de l’ empire ot- toman, en 11 sandjaks ou livas, subdi vises en 67 kazas. Un douzieme liva est forme par l’lklimia- Soudan, comprenant les possessions 6gyptiennes de la Nubie et leurs annexes. L’histoire de l’figypte, pour l’ann£e 1859, se rapporte presque entierement a la question si controversee du percementdel’isthme deSuez, a laquelle il sera consacre* dans cet Annuaire un article special. Nous nous bornerons a en rap- peler ici quelques faits inseparables de l’histoire proprement dite de Tfigypte. Le vice-roi, per- sonne ne l’ignore, a prete un constant appui a la grande ceuvre dont M. de Lesseps poursuit la rea- lisation avec tant de perseverance et d’habilete. L’Angleterre, opposed a ce projet, a fait pour Tentraver de constants efforts au Caire comme a Constantinople. Le 19 d£cembre 1858, M. Green, consul de la Grande-Bretagne a Alexandrie, se rendit au Caire pour determiner le vice-roi a d^savouer toute participation a l’entreprise de M. de Lesseps. Said-Pacha de"clara qu’il pouvait d’autant. moins faire une pareille declaration que M. de Lesseps n’avail agi que d’apres ses instruc- tions; il ajouta, assure-t-on, que le percement de l’isthme de Suez etait une ceuvre d’utilite ge- nerate, qui , en rendant son nom populaire en Europe, lui permettrait peut-etre de r&iliser un de ses voeux les plus chers, celui d’ob- tenir des puissances Tannulation de la clause du firman de 1841, en vertu de laquelle le tr6ne d’figypte appartient au prince le plus Age de la famille de Mehemet-Ali, au lieu de passer au ills alne* du dernier vice-roi. M. Green n’etait pas homme a s’embarrasser d’un tel argu- ment; il repondit a Said-Pacha que l’appui de TAngleterre lui ferait atteindre plus surement ce but que les sympathies des autres nations, et qu’& ce point de vue il avait tout inte>6t a s’asso- cier a la politique de la Grande-Bretagne. Said- Pacha opposa uri refus categorique a toutes les insinuations du consul, etM. Green alia presque jusqu’a la menace sans parvenir a I’e'branler. Cette violence diplomatique fut s6verement jug6e par toute la presse de l’Europe continentale, et le cabinet de Saint-James d£savoua implicite- ment la conduite de M. Green, qui, chose con-