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somme, ne s’occupait de rien, » Voilà le véridique tableau de là fédération, et celui qui l’a tracé, c’est un des chefs de la commune, son délégué aux affaires étrangères, PâsehalGrousset, parlant en pleine assemblée communale, dans la séance du 28 avril. On ne pouvait rien attendre de meilleur du fédéralisme, appliqué à l’administration comme à là garde nationale, par une réunion d’hommes dont tous les principes et toutes les croyances avaient pour point de départ le matérialisme. On voulut couper éOurt à-l’anarchie, et sur la proposition de M. Deiescluze, le pouvoir exécutif fut confié, à , titre provisoire, aux délégués réunis des neuf çopimissiOns, nommés par la commune a’ la nïajpritë des voix., La commission exécutive fut donc composée comme il ; suit, le 20’ avril : Guerre, Cluseret ; finances, Jourde ;.subsistances, Viard ; relations extérieures, Paschal Grousset ; travail et échange, Frànckeî, del’Intefnalionalé ; justice, Protot ; services publics, Andrieu ; enseignement, Vaillant ; sûreté générale, Raoult Rigault. Là commune avait décidé que " les neuf délégués Se réuniraient chaque jour ; qu’ils prendraient, à la majorité des voix, les décisions relatives à chacun de leurs départements et que chaque jour ils rendraient compte à la commune, en comité secret, des mesures arrêtées ou exécutées par eux.

Il ne résulta de cette réorganisation aucune amélioration sérieuse ; des accusations gravés s’élevèrent contre plusieurs des membres du pouvoir exécutif ; il y avait, en outre, au sein de la commune plusieurs partis en présence et " des. ambitions personnelles s’appuyant sur ces partis. Le 28 avril, enfin, J. Miot déposa sur le bureau delà commune la proposition suivante : «Vu la gravité, des ciréoristances et la nécessité de prendre, promptement les mesures les plus radicales, les plus énergiques, la commune décrète : Art. 1er. Un COMITÉ DE SALUT PUBLIC sera immédiatement.organisé. — Art. 2. Il sera composé dé cinq membres nommés par la commune au scrutin individuel. — Artv3. Les pouvoirs les plus étendus sur toutes les commissions sont donnés à ce comité, qui ne sera responsable qu’à la commune. » La commune de 1871 revenait de plus en plus, par une pente irrésistible, aux errements de 1793. Après une discussion dés plus vives, l’urgence fut votée. La commune adopta ce projet le 1er mai, et le comité de salut public fut composé des citoyens Autoine Arnaud, Léo Meillet, Ranvier, Félix Pyat et Charles Gérardin. Une minorité de 23 membres contre 45 avait combattu avec énergie la création d’un comité de.salut public, n’y voyant qu’une dictature attentatoire au principe de la liberté et à l’indépendance delà comniune. Pour rassurer les timorés, la commune vota un décret en vertu duquel ses membres ne

pouvaient être traduits devant aucune autre juridiction que la sienne même. ■ <- ’.

Profondémentdivisée dès le principe, la commune l’était alors plus que jamais. Sans compter les ambitions purement personnelles, de grands partis s’y disputaient le pouvoir : d’abord le comité central, qui avait conservé toute son influence ; puis l’Internationale qui, bien que favorable, à beaucoup d’égards, au comité, se trouvait sur certains points en désaccord avec lui. C’était ensuite le parti jacobin, dirigé par Deiescluze et diamétralement opposé à l’Internationale, dont il combattait les tendances communistes et la politique d’émiettemerit de la France *par l’indépendance des, communes fédéralisées. Dans là. question brûlante du comité de salut public, l’Internationale-avait ëté battue. C’était elle qui était l’âme de la mino- ■rite opposante, et le 20 mai, ’ en conseil fédéral, toutes les sections réunies, elle approuva les membres faisant partie de la commune « d’avoir protesté contre la création du comité de salut public qui rend impossible tout contrôle sur les actes du pouvoir exécutif. » Elle les invitait en même temps — mais il était trop tard — à faire lous leurs efforts pour maintenir l’unité de la commune, « si nécessaire au triomphe de la lutte contre le gouvernement de Versailles. »

Le 29 avril, au soir, Rossel, soutenu parlé pouvoir exécutif, remplace Cluseret à la guerre. 30 avril, — Grand meeting de l’alliance des départements dans la courdu Louvre. Les natifs des différents départements délibèrent sur les meilleurs moyens à employer pour entraîner la province. — L’église Saint-Bernard est transformée, en club. Là veille, l’ordre avait ëté donné, dans le IXe arrondissement, d’évacuer toutes lès églises.

iermai.—On commence à élever de nouvelles barricades sur la place de la Concorde, à l’entrée de la rue Royale et à l’entrée de la rue de Rivoli, sur la terrasse des Tuileries, dans la rue Casliglione, sur la place de l’Hôtel-dé-Ville, sur les places Pereire, Pigalle et d’Italie.

— 2 mai. — Le comité de salut public supprime lé titre et les fonctions d’intendant et nomme Varlin directeur général de la manutention et des approvisionnements militaires.

La séance de la commune présenta, le 2 mai, un intérêt exceptionnel. Le délégué aux finances, Jourdé, y donna lecture de son bilan du 20 mars au 30 avril. Voici le résumé de ce curieux document. La commune avait trouvé dans les caisses publiques 4,658,000 francs ; les recettes des divers établissements et administrations avaient produit près de 22 millions ; au total, ie délégué aux finances avait encaissé 26,013,916 fr. 70 c. ; les dépenses, dans la même période, s’étaient élevées à