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CHINE

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le discours où son chef, M. Burlingame, exposa avec une haute intelligence et un rare bonheur d’expressions le but élevé de sa mission (1). L’ambassade chinoise arriva de Londres à Paris, vers la fin de décembre 1868. Elle eut scn audience de réception par l’Empereur le 24 janvier 1869. Un journal crut devoir publier le lendemain une relation dp cette cérémonie ; mais il n’eut pas la plume heureuse. L’un des deux ministres chineis, Tchi-kang, y figure deux feis, d’abord s.ou’s le nom.de « S. Exe. Tché-lajen, ou mieux Chi-tajin, » et ensuite sous le nom de « Tchê-kang, » ce qui en fait deux personnages ; l’expression chinoise ta-jin, littéralement « grand homme » n’étant ici que l’équivalent d’ « Excellence ». Le second des ministres chinois y estnommé « S. Exe. Sounne-kia-kong, chez lui Sun-tajin, et ailleurs Soun-tajen, » tandis que son vrai nom est Sûn-Kiâ-kouh.

D’après, la même relation, la « lettre de créance » présentée à l’empereur par l’ambassade chinoise « était renfermée dans un tissu

; de satin jaune, fermé par des rubans pareils ;

dans le tissu de cette enveloppe avaient été dessinées des figures de dragons à cinq griffes,

qui forment les armes impériales en Chine. »

La lettre de créance, ajoutait le journaliste, est tirée du sachet par M. Browne (secrétaire interprète pour la langue anglaise). Cette lettre a près de six pieds de long. Elle est sur épais papier jaune avec encadrement des fameux dragons à cinq griffes. De chaque, côté se déroulent, de haut en. bas, en parlant de la droite, les caractères chinois de la lettre écrite en chinois et en. mantehou ; au milieu le sceau impérial, représenté par un carré de dix centimètres, qui signifie : joyau impérial (non), en caractères carrés, c’est à dire mantehou, etc. ; » (les caractères carrés des sceaux ne sont pas mantehou, mais en écriture ancienne chinoise nommée tà-tchouan).. v -

Nous avons cité ces extraits, malgré leurs inexactitudes, pour donner aux lecteurs une idée de l’étiquette orientale chinoise, et ensuite,

(1) Le 2 décembre 1868, M. de Champs, secrétaire in • terprète français du chef de l’ambassade chinoise, écrivait en son nom, à l’auteur do cet article, une lettre où il lui disait : « M. Burlingame a beaucoup à vous remercier de la remise des cinquante exemplaires de votre brochure, La Chine en 1868, que vous avez bien voulu mettre à sa disposition. (C’était un tirage à part, non mis dans le commerce, de l’article CHINE, publié l’année dernière dans l’Annuaire.) Cette brochure rend compte avec tant de fidélité, de clarté et d’éloquence, de là situation actuelle de la Chine, et traite avec tant de bonheur les grandes questions relatives à l’Empire du . Milieu, qui occupent aujourd’hui l’attention du monde entier, que M. Burlingame, ne croyant pas pouvoir offrir au public dé meilleur exposé de ses propres vues, se propose de distribuer les exemplaires de votre travail, qu’il doit à votre obligeance, en réponse aux questions qui lui seront adressées en France, sur Je même sujet. »

comme un témoignage de la remise, par l’ambassade chinoise, aux chefs des puissances près desquelles elle est accréditée, de véritables « lettres de créance », car on est allé jusqu’à dire, si on ne l’a pas imprimé, que cette ambassade n’était pas accréditée officiellement, et que ce n’était qu’un leurre pour tromper l’Europe 1. Celui qui écrit ces lignes a prié les ambassadeurs chinois de vouloir bien lui remettre une copie authentique de la « Lettre de créance» remise à l’Empereur, dans l’audience de réception du 24 janvier dernier. Ccmmp le Journal officiel de l’Emj)ire français, ni aucun autre jpurnal n’en a publié la traduction, nous croyons devoir en donner ici le texte traduit par nous, aussi littéralement que possible, avec une exactitude scrupuleuse, et.en reproduisant la disposition même de l’original chinois par respect pour l’étiquette impériale.

« Le grand Empereur

« Du grand empire des Tâ-thsîng (la dynastie régnante),

« S’informe avec intérêt de la santé du grand Empereur

« Du grand Empire de France. Nous avons reçu avec une crainte respectueuse le mandat du Ciel (la dignité impériale). (L’Empire) du Milieu et les (États) extérieurs ne formant qu’une seule et même famille, alliés entre eux, Nous avons sérieusement pensé (à fonder) avec les États amisj à perpétuité, une paix solide et une amitié- durable. À cet effet, Nous avons spécialement choisi un homme d’État, plein de sagesse et de prudence, antérieurement résident en notre capitale, avec le titre d’Envoyé extraordinaire, et Ministre plénipotentiaire des États-Unis, M. Burlingame. Ce Ministre, d’une grande maturité d’esprit, entièrement au courant de tout ce qui concerne le Milieu (la Chine) et les(Étals) extérieurs, est très-apte à nous représenter dans les négociations relatives au règlement des affaires qui pourraient être en litige entre les deux Empires (liang-kouo). Nous avons jugé à propos de lui adjoindre, dans cette mission temporaire, et pour le remplacer au besoin en cas de maladie ou d’empêchement, deux ministres adjoints du second rang des dignitaires : Tchi-Khâng et Sûn-Kiâ-kouh qui l’acepmpagnpnt.

« Tous les Français indistinctement peuvent donner créance entière aux grands Ministres choisis par Nous ; les considérer comme étant ■animés des sentiments les plus conciliants, les plus amicaux, et possédant toute notre confiance. Nous connaissons parfaitement ces trois Ministres pour être pleins d’équité, de droitur 1, attentifs à remplir soigneusement leurs devoirs, intègres et capables d’apporter la plus sérieuse attention dans les affaires qu’ils auront à traiter ou à discuter en commun. Nous espérons fer-