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MONNA

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commerciales se font sur une moindre échelle, là monnaie métallique d’abord, puis la monnaie d’argent, remplit plus utilement son rôle de mesure de la valeur que l’or.

En ce qui concerne particulièrement notre pays, la pièce de cinq francs en argent jouit encore d’une très-grande popularité dans les campagnes, où la pièce d’or de même valeur n’est accueillie qu’avec une certaine défiance. Sa démonétisation pourrait donc créer dé sérieuses difficultés pour cette branche si considérable du commerce intérieur, qui a lai production agricole pour objet.

Autre considération en faveur de la monnaie d’argent : les relations commerciales de l’Europe avec l’extrême Orient (l’Inde, la Chine, la’ Cochinchine, etc.) avaient déjà pris ; une grande extension avant le percement de l’isthme de Suez. L’ouverture du canal maritime entre les deux mers ne saurait manquer de leur donner une féconde impulsion. Or ces pays ne connaissent, comme monnaie ou valeur d’échange, que le métal d’argent ; si donc l’Europe réduit ce métal à la fonction de simple appoint monétaire, elle sera obligée, pour entretenir son trafic avec eux, de l’acheter à un prix très-élevé.

On a dit encore : si, l’or devient, dans le monde entier, l’unique mesure dé la valeur, lé produit des mines qui le fournissent ne pourra se mettre au niveau de besoins considérablement accrus, et son. prix s’élèvera dans de fortes proportions. De là un trouble profond dans les transactions civiles, dans les engagements, dans les contrats, les débiteurs devant rembourser avec un métal surhaussé des emprunts contractés sous le régime d’un métal d’une moindre valeur.

Ce n’est pas tout : l’Europe (moins l’Angleterre) possède aujourd’hui des quantités énormes de métal d’argent, soit en numéraire, soit en objets manufacturés divers. Or cet approvisionnement a une valeur déterminée, qui joue un rôle considérable dans nos fortunes mobilières. Enlevez à l’argent son privilège monétaire, vous le discréditez dans une forte proportion, et atteignez ainsi ses possesseurs dans leurs moyens d’existence.

On a parlé des écarts fréquents qui se sont produits dans le rapport de valeur des deux . métaux ; mais, d’une part, ces écarts ont-ils été véritablement sensibles, et de l’autre ont-ils exercé une fâcheuse influence sur le mouvement des transactions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ? Nul n’en apporte la preuve. Ce qui est certain et très-digne d’attention, c’est que ce rapport est redevenu aujourd’hui tel qu’il était en 1803, lorsque le législateur le fixait à 1 pour —15 1/2. Ainsi, en 67 années, malgré une perturbation profonde dans la production proportionnelle des denx métaux, ils sont revenus, après quelques oscillations d’une très-faible amplitude, à leur ancienne valeur relative.

Les avantages et les inconvénients de la pièce dé 25 fr. en or, proposée comme moyen de préparer l’unification monétaire, ont été vivement discutés. Cette pièce a été attaquée par les partisans de la numération décimale, comme ^’entrant pas dans la série de celle de nos’monnaies qui se divisent exactement par 10 et par 2. Elle ne l’a pas été moins par les partisans du système métrique, son poids n’étant pas conforme à ce système (1 gr. 32257).

Il n’est nullement certain d’ailleurs, ont di* ses adversaires, que l’idée de transaction dont elle serait l’expression, recevrait l’assentiment des divers pays dont les monnaies se rapprochent le plus des nôtres, et que, notamment, l’Angleterre refondrait ses souverains pour en ramener la valeur à 25 fr. ; que les. États-Unis feraient la même opération pour leur 1/2 aigle, qui vaut 25 fr. 80 ; que l’Autriche élèverait son florin de 2 fr. 47 à 2 fr. 50 ; que la Prusse porterait son thaler de 3fr. 71 à 3 fr, 75, etc, etc. Il y a lieu de prévoir, au contraire, que cette sorte d’invite à nos voisins resterait sans écho, et que nous n’aurions aucune compensation pour une, émission "qui aurait le double inconvénient de troubler notre économie monétaire, d’amener des confusions regrettables avec la pièce de 20 fr., et peut-être une hausse des prix dans le rapport de 20 à 25.

Ses partisans ont répondu que son émission, même en supposant qu’elle n’ait, pas, au point de vue de l’unification, le résultat désiré, ne réduirait nullement les avantages de notre système monétaire ; — qu’au contraire, en réunissant eu une seule deux pièces de monnaie aujourd’hui distinctes, elle serait une nouvelle facilité pour les payements.,

La différence dans le module et dans certains détails d’exécution nepermettrail pas, d’ailleurs, de la confondre avec la pièce de 20 fr.

Elle serait, en outre, tout aussi décimale que la pièce de 50 fr. actuelle.

Elle n’exiger ait la refonte d’aucune de nos monnaies.

ïl n’est apporté aucune preuve à l’appui de cette allégation qu’elle déterminerait une hausse des prix, en ce sens que les objets d’une valeur actuelle de 20 fr. monteraient à 25 fr.

Enfin, elle a obtenu l’adhésion de" la presque unanimité des membres de la conférence de 1867.

Dans tous les cas, en offrant, à ses risques et périls, à l’étranger un moyen pratique d’arriver graduellement à l’unification, la France aurait l’honneur d’avoir persévéré dans l’initiative qu’elle a prise en 1865 et 1867 d’une des réformes économiques les plus considérables de