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PRUSS

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’ nommer le chef de bailliage. Lé gouvernement déclara cet amendement inacceptable, et l’on pensa qu’il allait retirer le projet de loi. Il ne le fit, pas cependant, et ses organes exprimèrent l’espoir qu’à la seconde lecture la chambre.se montrerait plus accommodante. Mais la discussion ne fut plus reprise avant la fin de la session,

!

’ La session du parlement fédéral devait s’ouvrir au milieu dé février. Les jours de la chambre étaient donc comptés. Elle se hâta de terminer la délibération des lois sur les hypothèques et le grand-livre de la propriété foncière, ainsi que de quelques lois administratives moins importantes.. Elle vota un projet de loi présenté par MM. Duncker et Eberty, qui réformait la loi sur la presse en supprimant notamment le Cautionnement et l’Obligation de déposer un exemplaire à la policé. Mais cette loi fut rejetée par la chambre dès seigneurs. Une grève qui avait éclaté en novembre 1869 dans les mines de Waldenbourg, en Silësie, fut l’objet d’une interpellation. Cette grève avait pris de grandes dimensions, et dés milliers d’ouvriers se trouvaient sans travail. Les mineurs avaient commencé par demander une augmentation de salaire, mais les patrons non-seulement s’y étaient refusés, mais aVaient même exigé que les ouvriers qui voudraient reprendre leur travail s’engageassent -a né pas faire parlie

’ des associations de métier fondées par le parti progressiste. M. Schulze-Delitsch déclara alors que cette prétention des patrons était inadmissible, et tout le parti progressiste prit vivement le parti des mineurs. Cependant les ressources de ces derniers finirent par s’épuiser, un grand nombre d’entre eux émigrèrent, d’autres reprirent leur travail Vers le 20 janvier 1870. Les progressistes, accusaient le gouvernement d’avoir favorisé les patrons, .en refusant des passeports aux ouvriers qrii voulaient émigrer et en saisissant les bons au porteur émis par la caisse de la grève, et M. Duncker porta ces accusations à la tribune ; mais les libôraux-nationaux abandonnèrent les progressistes, et l’interpellation n’eut aucun résultat. On s’attendait, vers la fin de la session, à une discussion plus importante sur les couvents. De nombreuses pétitions demandant la suppression des couvents avaient été adressôesàla chambre, et la commission des pétitions s’était sérieusement occupée delà question.

. Les organes du gouvernement déclarèrent au sein de l’a commission qu’aucune- loi n’interdisait aux membres des ordres religieux de résider en Prusse ; qu’à la vérité, les couvents existant en 1810 avaient élé supprimés par un ëdit de cette année, et que depuis aucun établissement semblable n’avait été autorisé dans le pays, mais qu’on rie pouvait empêcher les catholiques d’user.du droit d’association qui existait

pour tous les citoyens, et de former des sociétés religieuses, que d’ailleurs l’état ne reconnaissait en aucune façon. La commission constata que l’existence des couvents ne contrevenait directement à aucune loi, mais elle désirait que le gouvernement se montrât plus sévère à l’égard des ordres religieux, que les lois sur les associations leur’fussent rigoureusement appliquées, et qu’on ne leur permît pas notamment de fonder des établissements d’instruction. Des conclusions furent formulées dans ce sens par M. G-neist, rapporteur. Mais, malgré les instances de la fraction catholique, la majorité de la chambre, dont beaucoup de membres craignaient de se compromettre vis-à-vis de leurs électeurs en se prononçant dans un sens ou dans l’autre, s’arrangea de manière à ce que le rapport sûr ces pétitions n’arrivât pas à l’ordre du jour. Il résulte d’ailleurs de chiffres fournis par les organes officieux que le nombre total des personnes engagées, en Prusse, dans les ordres religieux est de 1,062, dont 450 hommes et 612 femmes. — Les derniers jeurs de la sessipn furent marqués par un Incident assez singulier. Le ministre des finances avait présenté les cemptes de l’exercice 1868, qui se soldait par un excédant de dépenses de plus de 13 millions, de thalers. Or, en examinant es comptes, la commission de la chambre découvrit que l’emprunt de 24 millions de thalers pour divers ■ chemins de fer, autorisé par la loi du 9 mars 1867, avait élé réalisé en entier en 1868, quoique la chambre n’eût autorisé le ministre des finances qu’à le réaliser successivement, au fur et à mesure -des travaux, et qu’elle eût expressément stipulé qu’en 1868 on n’en émettrait que 10 millions. Dans les dépenses en excédant figuraient en conséquence 720,000 thalers pour les intérêts des 14 millions non autorisés. M. Lasker proposa de ne pas approuver ’ cet article de dépense, et M. Berger demanda que l’administration de la dette publique fût invitée à s’expliquer sur la réalisation de cet emprunt. Le comte Bismark et M. de Camphausen plaidèrent les circonstances atténuantes en faveur de.l’ancien ministre des finances, M. de Heydt, qui était absent. Mais la chambre n’en adopta pas moins les deux propositions dans la séance du 10 février..

Le gouvernement avait à cœur l’achèvement. des lois de réforme, au moins de la loi hypothécaire, et il désirait que les chambres n’ajournassent à cet effet jusqu’après la session du parlement du Nordï Or, d’après la constitution prussienne, lorsqu’un- ajournement pareil dépasse un certain délai, il ne peut se faire sans l’assentiment des chambres. Le comte Bismark demanda d’abord le consentement de la chambre. des seigneurs. Mais celle-ci ne voulut pas faire place de bon gré au-parlement du Nord. Elle