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SECON

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d’exemption ou de dispense prévus par la, loi modifiée du 21 mars 1832. Art. 7. Des conseils de révision seront organisés dans chaque département. Ils seront convoqués pour le tirage au sort et à la formation du contingent de la classe de 1870. Il ne sera fait pour ladite classe qu’une seule publication des tableaux de recensement. Art. 8. La durée du service des jeunes gens de la classe 1870 prendra date ; du jour de la promulgation de la présente loi. Art. 9. La présente loi sera exécutoire à partir du jour de sa promulgation.

Le comte de Palikao fit Connaître après ce vote la composition du nouveau cabinet : présidence du conseil et guerre, le comte de Palikao ;

— intérieur, Henri Chevreau ; — justice et cultes, Grandperret ; — : agriculture et commerce, Clément Duvernois ; — marine, amiral Rigault de Genouilly ; — travaux publics, j Jérôme David ; — affaires étrangères, le prince de la Tour d’Auvergne ; — présidence du conseil d’étal, Busson-Billault ; — instruction publique, Brame. Le ministère des beaux-art restait seul sans titulaire. Il fut supprimé quelques jours plus tard.

S’ilfallait s’en rapporter à une opinion que nous avons entendu plusieurs fois exprimer, le gouvernement et la chambre venaient d’échapper à un grand danger. Une conspiration dont le but était de renverser l’empire et de le remplacer par une sorte de comité de salut public, aurait été ourdie dès le 7, aussitôt après l’arrivée des funestes nouvelles annonçant les désastres de Woerth et dp Spickeren. Les royalistes y auraient participé aussi bien que les républicains et les socialistes, et c’est pour mettre ce projet à exécution qu’un flot de peuple se serait porté le 9 aux abords du corps législatif ; c’est pour donner le signal qu’un membre de la chambré qui fut depuis ministre et plus que ministre, aurait profité des paroles imprudentes de M. Granier de Cassagnac pour se" précipiter hors de la salle en criant aux Parisiens :’ on veut fusiller vos députés. Les précautions militaires que le gouvernement avait prises, auraient seules empêché la réalisation de ce projet. On ajoute que le danger existait encore le lendemain, et on rapporte à cet état de choses les paroles menaçantes adressées par M. Jules Favre à la majorité, dans la séance du 10, lorsque voulant obtenir, le jour même, la discussion 4e son projet d’armement dé la garde nationale, il disait : «En renvoyant à demain, vous prenez la plus grande responsabilité. Faites ce que vous voudrez, » paroles qui firent passer un long frisson dans le corps législatif. On a cru trouver une autre indice de la révolution qu’on méditait, dans ’ l’insistance

— que mettail M. Picard, le même jour, à demander à la chambre le renvoi de tous les régiments formant ia garnison de Paris. Mais il peut y avoir dans l’opinion que nous venons de signaler une grande part.d’illusion, -.bien, que l’opposition fut assurément disposée à profiter des fautes de l’empire pour le renverser.

Nous avons dit que le peuple de Paris demandait le retour de l’empereur, pour être plus certain qu’en renonçant au commandement en chef* il ne continuerait pas de l’exercer soris le nom des généraux. Il réelamsit, en même temps, la révocation du maréchal Leboèuf, major général de l’armée, qui avait eu le tort impardonnable de nous croire plus prêts que nous ne l’étions, -et.de faire, partager à l’empereur cette illusion, etdésignaitle marécliarBazairiè comme le seul homme capable d’exercer le commandement en chef. Le maréchal était représenté comme un homme d’une habileté consommée ; on lui attribuait une énergie tout â fait exceptionnelle, une fécondité de" ressources inépuisable, qu’il était bon d’opposer à l’esprit de ruse des Prussiens, et aussi, il farit le dire, une ambition qui ne pouvait trouver sa satisfaction que dans l’éclat de services éminents rendus à la patrie en danger. On lui faisait, des défauts mêmes qu’on lui attribuait, un titre au commandement suprême, et on pensait que s’il s’était rendu coupable au Mexique des actes dont On l’avait accusé, un sentiment naturel et généreux l’obligerait à faire des efforts surhumains pour noyer dans la gloire de ses succès militaires les reproches qu’ori pouvait diriger contre lui.

Dans la séance du 11 août, M. de Kératry formula une proposition qui fut repoussée, comme intempestive, celle.de créer d’urgence une commission d’enquête parlementaire qui appellerait à sa barre le maréchal Le Boeuf, et tous les fonctionnaires de l’intendance et de l’administration militaire selon qu’elle le jugerait convenable. La majorité de là chambre partageait néanmoins l’opinion généralement adoptée sur le maréchal Le Boeuf et sur le ma- ’ réchal Bazaine. Un autre député, M. Guybt- ; Montpayroux, interpellant le ; nouveau ministre de la guerre, lui posa jusqu’à trois fois cette question : « À l’heure qu’il est le maréchal Le Boeuf est-il oui ou non major général, ou le maréchal Bazairie dirigë-t-il l’armée ? » Cette insistance obligea le général Cousin-Montaubari. comte de Palikao, à annoncer une chose[ qui n’était point accomplie. « Je ne puis, dit-il, laisser la question sans réponse. Le maréchal Bazaine commande en chef l’armée du Rhin. », La vérité est que le remplacement du maréchal Le Boeuf par le maréchal Bazaine avait été conseillé à l’empereur comme une mesure de nécessité urgente, mais que Bazairie rie fut élevé au commandement en chef que par un décret du 12 août, ’■.-’".’