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SEPTE

(1576).

Ajoutons, à la gloire des Prussiens, que le bombardement de Paris ne s’était pas ralenti pendant toute la durée des négociations, et qu’il dura jusqu’à la dernière minute. Le roi Guillaume, M. deMoltke et M. de Bismarck n’avaient pas voulu épargner à la population ; de la rive gauche et à celle de Saint-Denis, uneseûle des angoisses d’un bombardement contraire aux principes du droit international. La reddition des forts s’opéra le 29 et le 30, aux termes de la convention ; ces deux journées sontles plus tristes que nos vaillants, marins aient jamais connues.

Le gouvernement de la défense nationale —avait encore à pourvoir au ravitaillement de Paris, l’exécution des différentes conditions de l’armistice, c’est-à-dire à la livraison des armes, à la suspension des opérations militaires et à la convocation de rassemblée, entre les mains de laquelle il allait déposer bientôt ses pouvoirs. Nous renvoyons pour ces questions aux articles SESSION LÉGISLATIVE, TRAITÉS, SIÈGE DE PARIS, et à lAPPENDICE qui termine ce volume. ;

. vNous ne nous sommes occupés jusqu’ici que du gouvernement central siégeant à Paris. Nous devons maintenant exposer les actes de ceux de ses membres qu’il avait délégués en province., ■

LX. LA DÉLÉGATION À TOURS ET À BORDEAUX.-Paris assiégé, Paris isolé, ne pouvait donner à la France l’énergique impulsion dont elle avait besoin pour tenir tête à l’invasion allemande. Le gouvernement de la défense nationale se décida donc à établir en province une délégation, chargée d’administrer les départements et de préparer la défense, mais sans bien se rendre compte de la grandeur et de l’importance de la tâche qu’il y avait à remplir. Il se contenta en effet, par un décret du 12 septembre, d’envoyer à Tours un vieillard, le ministre de la justice, M. Crémieux « pour organiser là défense dans les départements, "maintenir l’administration, représenter le gouvernement et en exercer les pouvoirs. M. Crémieux, quoique entouré des délégués de chaque ministère, était hors d’état d’embrasser tous les intérêts qu’il y avait à développer et à sauvegarder dans les départements. Oh le comprit bientôt à Paris, et un décret du 16 septembre 1870 lui adjoignit M. Glais-Bizoin, membre du gouvernement, mais tout aussi insuffisant que M. Crémieux. Un troisième membre de la délégation était institué par le même décret. C’était l’amiral Fourichon, ministre delà marine, qui devait remplira Toursles fonctions de ministre de la guerre, bien qu’il fût évident pour tout le monde que l’expérience drin marin diffère essentiellement de celle qu’un ministre de la guerre devait déployer pour procéder à l’oeuvre difficile de

l’organisation, de l’armement et de l’instruction militaire de tout ce qu’il y avait en France d’hommes capables de marcher à l’ennemi. La foi d’ailleurs manquait à l’amiral Fourichon comme au général Trochu, et il ne craignait pas de déclarer au général Mieroslawskf que dans son opinion « la France ne pouvait faire qu’un simulacre de défense. »

M. Crémieux, en sa qualité de ministre delà justice et des cultes, s’éfabl it, quoique Israélite, à l’archevêché ; l’amiral Fourichon au maréchalat ; M. Glais-Bizoin au lycée, à côté de M. Silvy, délégué de l’instruction publique ; M. Clément Laurier, délégué de l’intérieur, à l’hôtel de la préfecture. M. de Chaudordy, délégué des affaires étrangères, trouva lui-même un gîte convenable, et M. Lecesne s’installa au petit séminaire, à la têtédéla «commission spéciale de l’armement par le concours de l’industrie privée, » que M. Gambetta avait créée par décret du 9 septembre « afin de centraliser toutes les offres d’armes et de munitions de guerre faites au gouvernement et aux administrations publiques. »

Cette commission s’était transformée ; le monopole de l’achat et de la répartition des armes avait été placé dans ses attributions, et le premier acte de M. Crémieux fut d’élever. à 16 puisa 23 millions le crédit de 10 millions qui lui avait été primitivement ouvert. Les décrets relatifs à ces suppléments de crédit ne portaient que la signature de M. Crémieux. Un autre décret, signé le 29 par les trois membres de la délégation, plaçait itérative ment dans lès attributions de la commission d’armemement toutes les mesures relatives à. l’armement des gardes nationales sédentaires ou mobilisées, corps de volontaires, francs-tireurs ou autres appelés à concourir à la défense dû pays. Ce même décret lui confiait la répartition des armes acquises ou transformées par ses soins, l’autorisait, pour l’accomplissement de son mandat, à correspondre avec toutes les autorités départementales et avec les agents diplomatiques de la France à l’étranger, à mandater directement sur les trésoriers payeurs, généraux, receveurs des finances, agents diplomatiques et tous détenteurs des fonds de l’état, dans la mesure des crédits qui lui étaient ouverts et à requérir tous ingénieurs, conducteurs des ponts et chaussées, directeurs, ouvriers, ateliers et matières appartenant à l’industrie privée, sauf règlement ultérieur d’une indemnité, pour la transformation et la réparation de toutes armes et munitions de guerre. Indépendamment des 23 millions qui lui avaient été déjà alloués, le décret du 29 septembre, mettait encore à la disposition de la commission, une somme de 23 millions sur le crédit de 60 millions affecté à l’organisation