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pour préserver celui-ci de l’oxydation, soit pour lui donner plus de richesse et d’éclat. La galvanoplastie a pour objet d’engendrer ou de reproduire fidèlement— en cuivre pur, par l’action de l’électricité —. toute œuvre artistique quelconque, dont/on à préalablement pris l’empreinte dans des moules formés de maliêres organiques ou végétales, et rendus conducteurs du fluide électrique. »

Dans l’un et l’autre cas il s’agit d’obtenir sur de certaines surfaces un dépôt métallique homogène et suffisant ; mais la difficulté varie suivant la nature de ces surfaces et l’usage auquel on les destine. La question fut presque entièrement résolue, pour la galvanoplastie, du jour où on eut l’idée de substituer aux moules en métal, en plâtre ; ou autres matières dont on avait fait usage jusqu’alors, des montes en gutta-percha. A froid, cette dernière substance est dure et rigide ; mais, à chaud, ^elle devient souple et malléable, à tel point qu’elle peut recevoir l’empreinte des objets les plus fins et les plus délicats de la ciselure et de la gravure ; en outre, et c’est là sa plus précieuse qualité, elle n’est pas attaquée par L’acidité des bains de sulfate de cuivre. C’est par la gutta-percha, que M. Oudry est parvenu, sur l’ordre de l’empereur, à reproduire avec un plein succès, et eh moins de huit mois, les 6B0 ; bas-reliefs de la colonne Trajane.et dp son soubassement. : cette oeuvre colossale, d’un développement de 600 mètres superficiels en cuivre galvanique, après avoir été pendant plusieurs années, exposée au nouveau Louvre, pavillon Derion, est aujourd’hui placée au-musée gallo-romain de Saint-Germain en Laye ;

; Mais, en électro-métallurgie, quand l’objet

récepteur du dépôt galvanique est en fer, fonte, zinc, etc., on subit pleinement les causes d’échec déterminées par l’acidité des bains et augmentées encore par la nécessité du décapage préalable.dans de l’eau acidulée. On ne réussit alors, et pas toujours, que pour des objets de petite dimension, épingles, clous, fils de fer, ou pour des objets servant à la décoration intérieure, et qui, par leur destination, n’étant exposés ni aux intempéries, niaux autres causes d’oxydation, n’ont, par ce motif, besoin que d’une légère couche de métal, et conséquemment d’un séjour peu prolongé dans, les bains galvaniques. Or, /précisément, ce sont les grandes pièces en fer ou en fonte qu’il est le plus impprtanfde soustraire aux effets de détérioration, et pour lesquelles le procédé acquiert toute sa valeur industrielle ; par exemple, les statues, les candélabres, les vasques pour fontaines pùbliquëSj ou encore les parties assemblées au moyen de vis ; de rivets, de boulons, qui ; sont soumises ensuite, soit à des frottements, — comme les pistons, les hélices, les

plaques de blindage, etc., — soit à de fortes pressions, comme les rouleaux d’impression sur étoffes. Ce n’est plus alors un simple cuivrage, mais un dépôt de cuivre de forte épaisseur qui pourra seul préserver ces pièces contre les causes d’altération qu’elles ont à subir.

Pénétré de la haute importance de ce problème, M. Oudry, lutta longtemps et courageusement pour le résoudre. Ses premiers essais datent de 1854 ; malheureusement il chercha d’abord sa solution dans les éléments déjà connus et expérimentés, croyant la trouver par ce qu’on appelle de simples tours de main, tandis qu’elle ne devait résulter que d’une autre position de la question. C’est, hélas ! l’histoire de tous les chercheurs et de toutes les inventions : l’idée la plus simple est toujours la dernière à venir. Cette fausse route, comme dit M. Oudry, le menait tout droit à l’épuisement et à la ruine, lorsqu’en fin luit un pur rayon dans ces ténèbres de tentatives infructueuses, sans cesse recommencées ; mais laissons-lui la parole, pour proférer, à sa façon Y eurêka final :

«Dans ma-conviction, la principale cause de mon insuccès, sur la fonte surtout, provenait du décapage, qu’on ne peut opérer que par l’emploi de l’eau acidulée. Il fallait donc, avant tout, couper le mal à la racine, en évitant le décapage ; puis, faire en sorte de trouver, par la suppression du premier bain galvanique, une assez sensible économie, et enfin arriver à des opérations sûres, pratiques et industrielles.

« Comment pouvais-je espérer d’obtenir ces résultats ? ’ ;

« En recouvrant la fonte ou le fer (préalablement nettoyés par la voie sèche, C’est-à-dire sans acide) d’une ou plusieurs couches d’un enduit qui, dans ma pensée, devait toute la fois isoler le métal, être conducteur de l’électricité, et permettre ainsi de cuivrer, sans danger et économiquement, ces métaux (directement et à toute l’épaisseur voulue), dans un bain saturé de sulfate de cuivre, et par conséquent acide.

«J’avais deviné juste ; mais, de Tidéeàla mise en pratique, quelle distance ! Deux longues années de nouvelles épreuves, de travaux et d’essais devaient s’écouler encore avant le succès complet de mon invention. »

Néanmoins M. Oudry avait franchi les premières épreuves de l’inventeur, celles qui tiennent à la pénible parturition de son œuvre ; ce ne sont pas toujours les plus douloureuses, et souvent l’artiste, le savant, l’industriel, recueillent, parla méconnaissance de leurs contemporains, par la jalousie de leurs rivaux/toute l’amertume des déceptions, dont le sentiment s’émoussait naguère dans, i’ardeur et l’entraînement du travail.

Hâtons-nous de dire qu’il n’en fut pas ainsi pour M. Oudry ; grâce à de hautes relations