Page:Anonyme – Le Serment du jeu de paume, 1823.pdf/24

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Alors Martin d’Auch déclare qu’il ne peut jurer d’exécuter des délibérations qui ne sont pas sanctionnées par le Roi. Bailly lui répond que l’assemblée a proclamé les mêmes principes dans ses adresses et dans ses délibérations et qu’il est dans le cœur et dans l’esprit de tous les membres de reconnaître la nécessité de la sanction du Roi pour toutes les résolutions prises sur la constitution et la législation.

L’opposant persiste dans son avis, et l’assemblée arrête qu’on laissera sur le registre la signature, pour prouver la liberté des opinions. Ce fait rappelle la conduite de ce palatin qui, dans une diète de Pologne, refusa seul sa voix à celui à qui l’unanimité avait déféré la couronne : « J’ai voulu voir, dit-il, si nous étions encore libres ». Mais le palatin réunit ensuite son suffrage à celui de ses concitoyens…[1].

  1. Martin d’Auch va le lendemain dimanche, trouver Bailly, lui parle le langage de l’homme de bien, lui expose toute sa douleur ; ce n’était pas qu’il rétractât son opinion ; mais il était au désespoir d’avoir manqué par la forme à l’assemblée et de voir qu’on soupçonnât son patriotisme et sa droiture. Comme il ne savait s’il devait s’y représenter, Bailly lui dit que rien au monde ne pouvait l’empêcher de remplir ses devoirs et exercer ses droits. Tous ces éclaircissemens donnés à l’assemblée, elle promit que le passé serait oublié, que Martin d’Auch, inébranlable dans ses opinions, avait prouvé qu’il était homme d’honneur et de courage, et qu’il n’éprouverait aucun désagrément (Mémoires de Bailly).

    On ne sait dans cette occasion ce que l’on doit le plus admirer, ou de la conduite de l’opposant ou de celle de l’assemblée,