Page:Anonyme – Le Serment du jeu de paume, 1823.pdf/6

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narque, le garde des sceaux fut à peine écouté ; mais un profond silence annonça que Necker, directeur général des finances, allait prendre la parole ; personne ne perdit un mot de son discours : il y dévoilait le mauvais état des finances. C’était, disait-on alors, la plus profonde plaie de l’administration.

Le lendemain on publie ce qui suit : « De par le Roi. Sa majesté ayant fait connaître aux députés des trois ordres, l’intention où elle était qu’ils s’assemblassent aujourd’hui 6 mai, les députés sont avertis que le local destiné à les recevoir sera prêt à neuf heures du matin[1]. » Les membres des communes se rendent au lieu indiqué, mais ils y attendent vainement les deux autres ordres qui s’étaient réunis séparément chacun de leur côté. Cette conduite extraordinaire excite la plus vive indignation parmi les députés du tiers.

Dès-lors on s’aperçut que principalement la noblesse, en venant aux états-généraux, n’avait rien retranché de ses prétentions absurdes, de son ambition, de son amour pour des priviléges surannés. Ces idées d’orgueil et d’usurpation, grâce à la fermeté des communes, ne devaient durer qu’un instant. Les prêtres, soit intérêt bien entendu, soit politique déliée, ne tinrent point une conduite aussi arrogante que les gentilshommes.

  1. Moniteur.