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introduction

Jules César[1]. Mais cette culture « classique » est surtout de surface. Ce qui l’a pénétré jusque dans la moelle des os, c’est la littérature française, particulièrement les œuvres narratives en vers, l’épopée française au sens le plus large.

Dans le cycle antique, les poèmes relatifs à Alexandre le Grand lui sont particulièrement chers, à en juger par les nombreuses allusions qu’il y fait et par l’idée qui lui a pris de placer dans le palais de Noble, donc chez les Sarrasins, et de décrire en détail des peintures représentant, d’après les romans français, les principales scènes de l’histoire du célèbre conquérant[2].

Les noms des héros et héroïnes du roman de Troie reviennent aussi très fréquemment sous sa plume Jason, Thésée, Laomédon, Priam, Ménélas, Achille, Paris, Troïlus, Hélène, Polyxène, et surtout, on le devine, l’incomparable Hector[3].

En face des récits du cycle d’Arthur, notre auteur se pose résolument en adversaire quand, dès ses premiers vers, il oppose la « glorieuse chanson » qu’il a composée aux « flabes d’Artu[4] ». Mais ces récits, il les connaît bien et il ne peut s’abstenir d’en évoquer çà et là le souvenir chez ses auditeurs (pour leur plaisir, sans doute, mais peut-être aussi pour le sien), puisqu’il mentionne le célèbre combat de Tristan contre le Morot, imaginant même que l’épée du fils de Méliadus a passé depuis lors entre les mains d’Oger le Danois[5],

  1. Entrée d’Espagne, 727, 3576, 5961, etc.
  2. Ibid., 10408 et ss. ; pour les autres allusions, voir la Table des noms propres, art. Alexandre et Eumenidus.
  3. Voir la Table des noms propres.
  4. Entrée d’Espagne, 366-7.
  5. Ibid., 9711 et ss.