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le bonheur de ses semblables ? C’était là le mobile, la pensée constante, disons le mot, l’idée fixe du curé Labelle. Chez lui nulle pensée, nul sentiment d’avantage personnel ; ses compatriotes avant tout, dans leur religion et dans leur province, comme c’est leur droit, comme c’est leur devoir. « Emparons-nous du sol, » peuplons notre pays de bons citoyens, de bons chrétiens. Et ici, ne croyons pas qu’il y eût dans cette aspiration, dans ce désir, quelque pensée étroite, quelque sentiment exclusif. Non, dans cette âme si large, dans ce cœur si vaste, il n’y avait pas de place pour les petitesses.

« Emparons-nous du sol, » c’était bien sa pensée ; mais emparons-nous du sol loyalement, légitimement, sans toutefois faire aux autres le moindre tort. Au contraire, accueillons fraternellement, recevons à bras ouverts tous ces frères de races différentes, mais animés du même désir, qui viennent ici chercher leur pain et celui de leurs familles sous ce soleil d’Amérique qui fait germer et croître tous les grands sentiments et toutes les légitimes libertés.

Voilà quelle était l’idée de ce travailleur à l’âme large et profonde ; voilà quels étaient les sentiments de ce patriote par excellence, auquel son ministère sacré ouvrait les vastes horizons que personne peut-être n’avait rêvés avant lui.

Et c’est ici le moment, il nous semble, de faire disparaître une fausse impression qui existe, non seulement à l’étranger, mais même dans une partie de notre population. On dit assez facilement, et avec une certaine complaisance : Les Canadiens