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sont rétrogrades, fossilisés, et ils doivent cet état de choses à leur clergé qui les maintient dans la routine et l’immobilité. Et pourtant, voici un membre de ce même clergé, honoré de l’estime et de l’admiration de tous ses confrères, de tous ses supérieures ecclésiastiques, revêtu d’une haute dignité que Rome même lui a conférée, désigné déjà pour les fonctions plus élevées encore. Or qu’a-t-il fait, cet homme, cet humble prêtre qui est censé représenter la rétrogression, l’esprit arriéré ? Il ne s’est pas contenté de répandre partout la parole évangélique, d’exercer son ministère et de prêcher la morale par l’exemple de ses incontestables vertus ; il s’est fait en même temps l’apôtre du progrès dans toutes les sphères légitimes que Dieu a laissées au travail, au génie de l’humanité. Armé de la hache et de la croix — ces deux nobles instruments qui ont fondé si fortement notre nationalité, — il s’est avancé dans les profondeurs de la forêt, appelant sur ses pas les courageux colons qu’il a soutenus de ses paroles, de ses conseils et de ses modestes ressources. Il a ouvert des routes, construit des villages et surtout élevé, partout, dans la solitude, ce clocher qui devient le centre d’un groupe animé de rudes et bons travailleurs, de citoyens honnêtes et forts. Il a fait plus — ce rétrograde, cet arriéré — il a construit des chemins de fer pour permettre à ces enfants de la forêt de sortir de leur retraite et de répandre au loin le produit de leur fécond travail.

Qui ne se souvient de cette entreprise autrefois jugée presqu’impossible, maintenant si florissante ; le « Chemin de fer du Nord » ? Et pourtant, c’est