Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/114

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Préface.

plus près et d’examiner en lui-même le poëme de Macaire pour savoir s’il se prêtait ou non à ma supposition. Ainsi ai-je fait, allant au-devant des objections qu’il était aisé de pressentir et que j’ai soulevées moi-même.

Ces objections, d’où les tirer ? D’où induire que la plume italienne qui a écrit Macaire ne suivait pas un modèle français ? Évidemment de la barbarie du langage, de l’emploi d’un certain nombre de termes purement italiens, d’un certain nombre de rimes absolument inadmissibles. Et il faut avouer qu’à raisonner ainsi on ne saurait être trop mal venu, car on a pour soi toutes les apparences. Au fond, pourtant, cette argumentation est loin d’être aussi forte qu’elle peut le sembler, et rien de plus facile que de la réduire à néant. Pour cela, il suffit de comparer quelqu’un des poëmes en français italianisé que j’ai indiqués ci-dessus avec le texte en français pur d’après lequel il a été écrit. Mais avant de faire cette comparaison particulière, jetons un coup d’œil sur l’ensemble des poëmes italianisés et voyons comment procédaient les copistes ou les jongleurs qui nous les ont transmis.

Ils n’altéraient pas toujours au même degré, et loin de là, les chansons françaises qu’ils voulaient faire connaître dans leur pays.

Tantôt ils les transcrivaient purement et simplement, en laissant seulement échapper çà et là quelques notations, quelques caprices d’orthographe, conformes à leurs habitudes de prononciation ou d’écriture. Exemples : les fragments d’Aye d’Avignon, les copies des poëmes de Florimont et de Renaut de Montauban.