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Préface.

Tantôt ils s’abandonnaient davantage aux entraînements de l’idiome natal, et modifiaient au fond, mais dans une certaine mesure, les textes qu’ils avaient sous les yeux. Exemples : le poëme de Gui de Nanteuil (manuscrit de Venise), les poëmes d’Anséis de Carthage et d’Aspremont. (Manuscrit de Paris, Bibl. Imp., fr. 1598.)

Tantôt enfin ils en usaient avec plus de liberté encore, comme s’ils se proposaient autant de traduire que de copier. De là une véritable transformation, non pas égale, non pas suivie, mais d’un train irrégulier, comme celui d’une course coupée d’obstacles. C’est ainsi qu’on les voit procéder dans la Chanson de Roland, dans le poëme d’Aspremont (manuscrits de Venise), dans ceux d’Aliscans et de Foulque de Candie.

Mais que ces textes divers paraissent se diviser en trois classes selon le degré d’altération qu’on y remarque, c’est une vue de peu d’importance. Il est bien plus intéressant de rechercher à quoi tient l’altération, de quelle source elle découle, ce qui réduit la question à deux termes. Ou c’est involontairement, ou c’est à dessein et de propos délibéré, que les Italiens ont altéré nos anciens poëmes. Il n’y a pas de milieu, et à mon sens, c’est tantôt l’un, tantôt l’autre, selon qu’il s’agit de modifications purement orthographiques et toutes superficielles, ou de changements qui s’attaquent au fond, à la teneur même des originaux.

Que des étrangers aient substitué, sans le vouloir et même sans le savoir, leurs habitudes d’orthographe aux habitudes françaises, il n’y a là rien de surprenant. Des substitutions analogues