Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
cviij
Préface.

n’avaient-elles pas lieu, en France même, de province à province[1] ? Mais au-delà de ces légères érosions qui n’ont endommagé pour ainsi parler, que l’épiderme des textes, tout ce qui les a entamés plus profondément était, sans aucun doute, atteinte volontaire et préméditée.

Dans quel dessein ? Il n’est pas toujours facile de s’en rendre compte, je l’avoue, lorsqu’on examine une à une et par le menu les nombreuses modifications que tel poëme français a subies en Italie ; mais, à prendre la question dans sa généralité, on n’y trouve qu’une solution satisfaisante, et c’est le désir ou le besoin qu’ont sûrement éprouvé certains éditeurs italiens de nos anciens poëmes, d’abord de les rendre plus intelligibles pour ceux de leurs compatriotes auxquels ils se proposaient de les réciter ou de les faire lire, et ensuite de satisfaire une manie dont ils paraissent avoir été possédés, celle de rimer exactement, richement même, et pour l’oreille et pour l’œil. Voilà leur double but dans le travail de transformation, de déformation, si l’on veut, auquel ils se sont livrés sans autre souci, sans aucun respect ni du langage, qu’ils ont massacré impitoyablement, ni de la mesure, qu’ils ont rompue comme à plaisir et jusqu’à laisser croire qu’ils n’en avaient nul sentiment.

Quelques exemples justifieront ces diverses

  1. On conserve encore, par exemple, telle ordonnance royale, écrite à Paris, à la chancellerie, dans la meilleure langue du XIIIe siècle dont la copie se retrouve à Amiens, où elle a été transcrite par le clerc de la municipalité avec une orthographe en partie picarde, en partie conforme à celle de l’original.