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Préface.

A la terça noit qu’i furent alberçé,
Cella dame partori una bel arité. (P. 116.)

De ces deux vers, le premier n’est que légèrement altéré, on le voit bien. Sauf l’addition du premier mot, qui n’est nullement nécessaire, on peut le conserver en le repolissant ainsi

La tierce nuit que furent hebergié.


Mais le second vers a été bien plus endommagé. Il renferme, sans parler du reste, deux mots, partori, arité, dont l’un est purement italien, et dont l’autre n’a pas la forme qu’exige ici le sens. Comment réparer ce dommage? D’abord en recherchant l’expression française à laquelle répond partori, et qui pourrait être : s’accoucher de, se délivrer de ou s’agesir de.

La mesure n’admet pas les deux premières, c’est donc la troisième qui est la bonne. S’agesir donne au parfait s’agiut, dont le vers s’accommode très-bien, mais à la condition de le placer avant le mot dame ; d’où il suit que cella ou celle doit être rejeté et remplacé par l’article. On a alors ce premier hémistiche s’agiut la dame ; reste pour le second : una bel arité. La forme arité n’a été mise là que pour esquiver iretier, rime inexacte aux yeux de notre compilateur. Il ne manque donc qu’une syllabe pour rétablir le vers, et quand j’aurais suppléé moult au lieu de très, par exemple, aurais-je rien changé d’essentiel ou de brillant au texte que j’essaye de retrouver?

S’agiut la dame d’un moult bel iretier