Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/146

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Sommaire.

Charlemagne : en fait d’amour, il ne vaut pas un denier, et vous êtes si belle, si belle qu’il ne se peut rien voir de plus beau. Si vous vouliez m’en croire, je sais tel homme digne de vous par sa beauté, avec qui vous pourriez avoir accointance. Cet homme, c’est Macaire, le preux, le vaillant Macaire. Que je parvienne à vous unir, et jamais vous ne vous lasserez de lui, et vous pourrez bien vous vanter d’avoir l’amant le plus beau qui se puisse trouver. » La dame l’entend, le regarde et lui dit : « Tais-toi, fou, et cesse de me parler de la sorte ; car tu ne tarderais pas à me le payer cher. — Cessez vous-même, repond le nain, cessez, Madame, de penser ainsi. Un seul baiser de Macaire vous le rendrait cher à ce point que vous ne pourriez jamais lui en préférer un autre. » Il en dit tant et tant qu’il fâche la dame. Elle le saisit, en dépit qu’il en ait, le pousse et le jette en bas du degré si rudement que sa chute lui froisse toute la tête. « Va-t’en, vilain ribaud, lui dit-elle, et reviens-y une autre fois ! » Macaire était en ce moment au bas du degré ; il relève le nain, le fait emporter et panser. Le nain en eut pour huit jours à garder le lit, au grand étonnement de la cour et du roi lui-même qui le demande. Macaire l’excuse : « Il a fait une chute, dit-il, et s’est froissé la tête à un pilier ; mais il ne tardera pas à se lever et à revenir à la cour. » P. 13-19.

La race de Mayence fut de tout temps une mauvaise race. Elle fit la guerre à Renaut de Montauban ; elle trahit Roland et Olivier, les douze pairs et tous leurs compagnons. La voici maintenant qui s’en prend à la reine, et si cette engeance maudite