Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
cxxxix
Sommaire.

ne couvre de honte Charlemagne, ce ne sera pas faute de le vouloir.

Après être resté huit jours au lit, le nain se leva et reparut la tête enveloppée de compresses. Chacun en glosa, et le roi lui-même ne put se tenir d’en rire. Le nain, qui n’était pas un enfant, se garda bien de rien dire à personne de sa mésaventure. Il se tint dès lors avec les barons et ne se représenta plus devant la reine. Elle, cependant, ne laisse pas de le demander ; mais il se tient à l’écart, et prudemment. Pour toutes les richesses de l’Orient, il n’irait plus l’entretenir ni se mettre à ses ordres. Quant au traître Macaire, il est toujours en peine et toujours rêvant à mal. Que Dieu le confonde ! P. 19-21.

Le félon, le pervers s’en vient trouver le nain et lui dit : « Nain, j’ai à cœur l’outrage que tu as souffert ;mais, si tu voulais en user à mon gré, je pourrais tirer vengeance de la reine : elle serait brûlée vive. — Je ne désire rien tant, répond le nain. Si je pouvais me venger d’elle, je n’aurais jamais été si joyeux de ma vie. Quand je songe à la manière dont elle m’a jeté en bas du degré, je suis outré de colère : je ne respire que vengeance. — Eh bien, dit Macaire, tiens bon et montre-toi. J’ai en main de quoi nous venger tous deux. — Dites, reprend le nain, et je suis prêt à vous obéir, pourvu qu’il ne faille pas lui parler, car, à cette heure, je la crains plus qu’un serpent. — Nous serons prudents, dit Macaire. L’empereur a coutume de se lever chaque nuit avant l’aube pour aller à matines. Quand elles sont chantées, il s’en revient aussitôt se coucher. Si tu veux te venger, il faut discrètement, sans que personne t’entende, sans que