Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/158

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Sommaire.

— Que faire ? dit Charlemagne au duc Naimes. — Il est clair, répond le duc, que le lévrier a fait l’office de justice. Sa haine a désigné celui qui sait tout. Faites saisir Macaire, et vous apprendrez de lui la vérité. Mais, avant tout, que le corps soit porté à Paris pour y être enterré avec honneur, » Le roi y consent. Macaire est saisi et mis sous bonne garde. Le corps d’Aubri, entouré d’herbes odorantes, est porté à Paris et enterré en grande pompe. La foule, qui le pleure, commence aussitôt à crier justice. Charlemagne se fait amener Macaire et lui dit : « Comment se fait-il que chacun t’accuse de la mort d’Aubri et que son chien te désigne aussi comme le meurtrier ? Et si tu as tué Aubri, qu’est devenue la reine, qu’il devait conduire en pays étranger pour venger mon honneur ? — Bon roi, répond Macaire, écoutez ma défense. Je ne suis coupable ni de fait ni même par la pensée, et à qui m’accusera je suis prêt à le prouver par les armes. » Personne n’ose démentir un homme si bien apparenté. Le duc Naimes s’en aperçoit, non sans courroux, et dit au roi : « Renvoyez-le et prenez conseil de vos chevaliers. Il a bien mérité d’être jugé, et si la peur vous fait reculer, vous n’êtes plus digne de porter couronne. » P. 79-83.

Charlemagne fait assembler sans retard tous ses barons. Ils sont plus de cent qui se réunissent au palais, dans la grande salle voûtée. « Seigneurs, leur dit le roi, un grand outrage m’a été fait : la reine honteusement accusée, Aubri mis à mort, en est-ce assez pour m’attrister l’âme ? Conseillez-moi, je vous le demande, je vous en prie, et n’ayez peur de qui que ce soit au monde. » Les barons l’ont entendu ;