Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/165

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Sommaire.

Elle lui demande quel est ce grand diable qui l’accompagne, armé de son bâton ; s’il est dans son bon sens ou si sa raison n’est pas égarée. « Il est toujours ainsi, répond la reine. Ne vous attaquez pas à lui et ne le courroucez point, car il n’est pas d’humeur facile. C’est mon seigneur et maître. — Que Dieu le bénisse ! dit l’hôtesse. Il sera servi et honoré du mieux que nous pourrons. » En effet, on donne à Varocher ce qu’il demande, mais par peur plus que par complaisance. La troisième nuit après son arrivée, la dame accoucha d’un très-bel enfant. L’hôtesse le reçut, le baigna, l’emmaillotta. Elle sert la reine et satisfait ses désirs aussi volontiers que si elle était sa parente. Cependant Varocher, toujours armé de son bâton, fait bonne garde et veille à ce que à ce que l’enfant ne soit point ravi. La dame resta au lit plus de huit jours, comme c’est la coutume dans les villes. Elle venait de relever et s’entretenait avec l’hôtesse lorsque Primerain la vint trouver et lui dit : « Dame, vous nous avez apporté ici un beau fils ; c’est bien fait à vous. Quand il vous plaira qu’il soit baptisé, je serai volontiers votre compère. — Je vous en rends mille grâces, dit la reine, usez-en à votre volonté et donnez à mon enfant le nom qui vous plaira. — J’y ai déjà songé, reprend l’hôte. Il se nommera, comme moi, Primerain. » P. 115-119.

Au bout de huit jours, Primerain vient prier la dame de lui remettre son enfant pour le porter au baptême. Il le prend, l’enveloppe dans son manteau et se rend au moutier, suivi seulement de Varocher avec son gros bâton sur l’épaule. Comme ils cheminent tous deux, survient le roi de Hongrie, entouré de plusieurs