Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/168

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Sommaire.

confessée le roi me fit grâce de la vie et donna l’ordre à un de ses chevaliers de me conduire en pays étranger. Comme je m’éloignais de Paris, le traître qui m’accusait me poursuivit armé de toutes pièces et tua le chevalier qui m’accompagnait. Saisie d’effroi à cette vue, je m’enfonçai dans une forêt, où je trouvai cet homme qui ne m’a plus quittée. Grâce à vos bontés, je suis ici servie et honorée. Ne m’abandonnez pas, noble roi, avant que mon père soit informé de mon sort. Il ne manquera pas de m’envoyer les meilleurs de ses chevaliers. Voilà, sire, toute la vérité. » Le roi l’entend et voit bien qu’elle dit vrai. Il s’incline profondément devant elle : « Dame, lui dit-il, soyez ici la bienvenue. Vous y recevrez une hospitalité digne de vous jusqu’à ce que votre père soit informé du sort de sa fille. » P 129-133.

Le roi de Hongrie fit à la dame tous les honneurs imaginables. Il lui fit donner les riches atours qui conviennent à une reine, sans oublier Varocher. Il ne la laissa pas à l’hôtellerie, l’emmena dans son palais et la donna pour compagne à sa femme. Il fallait voir Varocher sous ses nouveaux habits ! Il ne ressemblait plus alors à un truand, et se voyant si richement vêtu il n’allait plus qu’avec les chevaliers. — Le roi de Hongrie, sans plus tarder, fait équiper un navire et envoie quatre messagers à l’empereur de Constantinople pour lui apprendre que sa fille, injustement bannie de France, a trouvé asile en Hongrie, où elle attend ses ordres. Les messagers arrivent à Constantinople, demandent audience à l’empereur, et lui font le récit des malheurs de Blanchefleur. Grande est la douleur de l’empereur en recevant ces nouvelles ;