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Sommaire.

— Si je vous le confie, dit Varocher, me promettez-vous de le garder fidèlement et de n’en faire part à qui que ce soit ? — Je vous le jure. — En ce cas, reprend Varocher, vous saurez tout. » Il lui raconte alors ce que devint la reine après la mort d’Aubri ; comment il la rencontra et la conduisit en Hongrie, où elle accoucha d’un fils, et comment elle revint à la cour de l’empereur son père. « C’est pour la venger, ajoute-t-il, qu’il réuni cette grande armée, et je puis vous donner l’assurance qu’elle est à cette heure saine et sauve dans la tente impériale, elle et son jeune enfant. » P. 257-267.

Quand le Danois entend Varocher parler ainsi, il en ressent plus de joie que si on lui donnait le royaume de Bavière. Il remet l’épée au fourreau et s’incline devant son adversaire : « Varocher, lui dit-il, vous m’êtes devenu bien cher. À Dieu ne plaise que je continue à jouter contre vous. Je vous aimerai désormais comme un frère, et je n’aurai rien que je ne partage avec vous. Je retourne près de Charlemagne. Il ne saura pas comment les choses se sont passées : je lui dirai que vous m’avez desarçonné, et la paix sera faite. — Grande charité ! dit Varocher. Ne tardez donc pas davantage. » À ces mots, ils se séparent. Ogier revient au camp français, où il annonce sa prétendue défaite, puis il se dépouille de ses armes et court s’agenouiller devant le roi : « Bon roi, dit-il, il faut que j’en fasse l’aveu : je suis vaincu. J’ai été maté par le meilleur chevalier de la chrétienté. Je ne puis plus que vous prier de faire la paix avec l’empereur. — J’y serais tout disposé, dit Charlemagne, s’il voulait se laisser fléchir et me pardonner la mort