Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/189

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Sommaire.

elle est à lui, personne n’a droit de la lui enlever. — Si j’acquiesce à la demande de Charles, répond l’empereur, sachez bien que ce n’est pas sans regret, lorsque je me rappelle l’opprobre qu’il a fait endurer à ma fille ; et cependant j’y consens ; terminez cette grande querelle à votre gré. » À ces mots, le duc Naimes s’incline et remercie humblement l’empereur. La reine laisse éclater sa joie : « Naimes, dit-elle, si Dieu me prête vie, vous serez bien récompensé de ce service ; mais, avant tout, prenez avec vous mon enfant et menez-le devant son père, qui ne l’a jamais vu. — Dieu ! s’écrie le Danois, quel riche présent ! » La reine remet gracieusement son fils aux mains du duc Naimes. Les deux messagers prennent congé de l’empereur, et s’en vont avec l’enfant, que le fidèle Varocher ne laisse pas partir sans l’accompagner. P. 279-285.

Comme ils approchent du camp de Charlemagne, chevaliers et gens de pied accourent au-devant d’eux pour savoir s’ils auront la paix ; ils voient l’enfant et s’émerveillent de sa beauté. Avec sa tête blonde surmontée d’une plume de paon, le petit damoiseau est le plus beau du monde, plus beau même qu’Absalon. Quand ils sont près du roi, Charles dit à ses deux barons : « Quel est cet enfant ? où l’avez-vous trouvé ? On n’en vit jamais un plus beau. — Quand vous saurez son nom, répond le duc Naimes, il vous sera plus cher que la prunelle de vos yeux. » Comme il dit ces mots, ô miracle ! voici l’enfant qui quitte la main du duc Naimes, court près de Charlemagne, et le prenant par le menton : « Père, lui dit-il, je sais bien comment ma mère a quitté le royaume de France. Je suis votre fils, n’en doutez pas, et si vous ne me