Page:Anonyme - Macaire, chanson de geste.djvu/191

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qui vient tout à coup interrompre leur entretien. Charlemagne la voit et sourit doucement. Elle lui dit : « Noble et puissant roi, je veux tout oublier. Vous avez tiré vengeance de Macaire, du traître qui, après m’avoir accusée si honteusement, fut encore le meurtrier d’Aubri. Je suis votre femme, et ne connais point d’autre seigneur que vous. Faites la paix, j’y souscris pour ma part. — Sages paroles ! dit le duc Naimes. Arrière donc tous les mauvais souvenirs ! — Sire empereur, dit Charlemagne tout ému, notre conférence ne sera pas longue : si je vous ai offensé, je suis prêt à faire amende honorable. Que vous dirai-je ? Je m’en remets à Dieu et à vous. J’étais de votre famille, et j’en serai encore si la reine y consent. — Avec une joie sans pareille, dit Blanchefleur. Mais, Sire, ajoute-t-elle, je vous le dis sans détour, gardez-vous de jamais recommencer. » P. 293-297.

La paix conclue, les princes entrent à Paris, et la reine au doux sourire revoit avec bonheur son palais. Après quinze jours de fêtes, l’empereur de Constantinople et le roi de Hongrie prennent congé de Charlemagne et s’en retournent dans leurs États. Charles demeure à Paris, sa cité, où il siége avec la reine à sa droite. P. 297-301.

Depuis le jour où Varocher avait quitté sa femme et ses enfants pour accompagner Blanchefleur, il ne les avait pas revus, et ce jour était déjà loin. Quand il voit la guerre finie, il dit à la reine : « Dame, il vous souvient que lorsque je me séparai de ma femme et de mes enfants, je les laissai dans une grande pauvreté ; mais aujourd’hui, grâce à Dieu et à vos bontés, j’ai de l’or, j’ai un palefroi, j’ai un destrier ; je suis à l’aise pour le reste de mes jours. Souffrez donc