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Sommaire.

que je prenne congé de vous. » La reine y consent, le comble de présents à charger un char, et lui dit : « Allez, Varocher ; mais n’oubliez pas, dès que vous le pourrez, de revenir à la cour. » Varocher le promet, et part avec une suite peu nombreuse : quatorze compagnons seulement. Il n’a pas oublié le chemin de sa demeure. Sur le point d’y arriver, il aperçoit ses deux fils qui reviennent du bois avec une pesante charge, comme leur père les y avait accoutumés. Touché de pitié à cette vue, il s’approche d’eux et met à bas leurs fardeaux. Les deux garçons, ainsi rudoyés, se saisissent chacun d’un grand bâton et s’élancent sur leur père. Ils l’auraient frappé ; mais lui, faisant un mouvement de retraite, leur dit : « Vous serez braves, je le vois. Beaux fils, ajoute-t-il, ne reconnaissez-vous pas votre père ? Me voici de retour, et je reviens avec assez d’or pour vous rendre riches le reste de vos jours. Vous monterez de bons destriers et serez tous deux armés chevaliers. » À ces mots, les enfants l’ont reconnu, avec quelle joie, on le devine. P. 301-303

Quand Varocher entra dans sa maison, il n’y trouva ni riches habits, ni pain, ni vin, ni chair, ni poisson ; sa femme n’avait point de pelisse, et était mal accoutrée, elle et ses deux garçons. Varocher, sans plus tarder, leur donna à tous des vêtements de soie et de coton ; il fit apporter chez lui tout ce qui est à l’usage d’une bonne maison, et se fit élever un palais avec donjon. Il fut institué champion à la cour de Charlemagne. P. 303-305.

Ici finit la chanson. Que Dieu vous bénisse !