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Préface.

valier frappa son compaignon d’une espée par derriere, et l’occit. »

Comment douter d’un fait ainsi attesté, et dont les moindres circonstances paraissent si bien connues de celui qui le raconte ?

D’après Gace de la Buigne et Gaston Phébus, le chien d’Aubri, voyant son maître mort, le couvrit de feuilles et de terre, on ne sait pourquoi. D’après Olivier de la Marche, ce fut le meurtrier qui prit ce soin, et dès lors, d’inexplicable qu’il était, ce détail devient fort admissible et sert à donner plus de vraisemblance à l’histoire.

La victoire du chien paraît aussi bien moins surprenante dans le récit d’Olivier de la Marche, où l’on trouve pour la première fois une disposition du combat très-propre à égaliser les chances des deux adversaires : Es prez fut Machaire enfouy jusques au fau du corps, en telle maniere qu’il ne se pouvoit tourner ne virer tout à sa guise.

Une petite gravure de la fin du XVIe siècle[1] fait voir Macaire dans cette situation, c’est-à-dire enterré à peu près jusqu’au nombril ; mais c’est la seule des représentations du célèbre duel où l’artiste se soit conformé à l’indication d’Olivier de la Marche.

Du vivant même de cet écrivain, sous le règne de Charles VIII, le combat du chien contre le meurtrier de son maître fut représenté par le

  1. Histoires prodigieuses.... divisées en six tomes. C’est dans le sixième tome recueilly par I. D. M. (Jean de Marconville), que se trouve cette gravure, à la p. 51. In-18, Paris, ve Cavellat, 1598.